Afrique du Sud : à Johannesburg, une école pour reconstruire l'enfance de petits réfugiés

En rang dans les couloirs de cette école de Johannesburg, les gamins ressemblent à des écoliers ordinaires. Mais ce sont des petits réfugiés qui ont souvent vu des horreurs, pris en charge pour être intégrés dans une structure scolaire.

Ils sont 140 à aller en classe l'après-midi, quand les élèves du collège catholique du Sacré-Cœur (Sacred Heart) --une des meilleures écoles de la métropole sud-africaine-- font du sport ou de la musique. Trois heures par jour de 03h00 à 06h00, d'où le nom du programme "Three2Six" (trois à six).

"Il s'agit d'assurer la transition entre leur arrivée en Afrique du Sud et leur intégration dans le système scolaire classique", résume Martin John, un coopérant allemand qui coordonne le programme.

Les six classes proposent à ces enfants venus de République démocratique du Congo (RDC), du Rwanda, du Zimbabwe ou d'Érythrée, des cours d'anglais et de mathématiques, ainsi que de "savoir vivre", selon les mots d'Esther Munonoka, une institutrice rwandaise : les choses de la vie qu'un enfant doit connaître.

"C'est pour les aider à s'intégrer dans les écoles publiques, pouvoir répondre à l'enseignant, pouvoir écrire en anglais. Pour le reste, ils sauront se débrouiller", dit-elle.

À cet égard, insiste le proviseur du collège Colin Northmore, "nous n'appelons pas ça une école, mais un programme pédagogique".

De fait, Three2Six apporte à la fois un soutien éducatif en vue d'une meilleure intégration et une structure permettant aux petits réfugiés de commencer à se reconstruire.

"Une des choses que fait ce projet, c'est qu'il rend leur enfance aux enfants", souligne le proviseur. "Beaucoup ont vu des meurtres dans leur famille, ont eu des parents violés sur le chemin de l'Afrique du Sud..."

Grace Kashongo, 13 ans, vient du Kivu, une province du Nord-Est de la RDC ravagée par la guerre civile fin 2008. Un jour, sur le chemin de l'école, des hommes en armes s'en sont pris à elle et sa sœur. "Des gens nous ont arrêtées", raconte-t-elle. "Je lui ai dit +courons+, mais elle m'a dit +non, attends+. Quand nous avons commencé à courir, ils lui ont tiré une balle dans la tête, alors que nous avions le dos tourné. Puis ils m'ont dit de disparaître, sinon ils me tueraient aussi."

Arrivée en Afrique du Sud avec sa famille en février 2010, elle n'envisage pas de repartir : "Je crois qu'ici, je suis chez moi, je me sens bien, je me sens en sécurité. Les gens ne courent pas, ne sont pas morts... Je suis heureuse!" Ivan est arrivé du Rwanda en 2007.

Comme ses camarades, il lui manque papiers et argent pour intégrer le système scolaire classique. "Mes parents disent qu'ils sont venus en Afrique du Sud pour pouvoir vivre. Moi, je suis venu en Afrique du Sud pour apprendre et avoir une bonne éducation", sourit-il.

Dans cette école un peu particulière, les professeurs partagent la même histoire que leurs élèves : eux aussi sont des réfugiés, souvent pour des raisons politiques.

Outre les cours, le collège fournit un uniforme aux enfants, et un repas par jour. La seule chose qu'ils doivent payer, si possible, est le ramassage scolaire.

Le programme est financé par des donateurs étrangers, allemands, néerlandais, américains : dans une Afrique du Sud traversée par des tensions xénophobes, le projet n'est pas forcément très bien vu.

"C'est très difficile de trouver des fonds pour un programme comme celui-là auprès de donateurs sud-africains", regrette le proviseur Colin Northmore. "Ce n'est pas politiquement correct de donner de l'argent à des réfugiés quand vos propres compatriotes rencontrent aussi des difficultés."

AFP/VNA/CVN

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