Afghanistan : Washington tente de maintenir le processus de paix sur les rails

Les États-Unis ont appelé jeudi 5 mars à mettre fin "immédiatement" au "regain de violence" en Afghanistan qui a suivi la signature d'un accord historique avec les talibans, et à surmonter les obstacles pour l'ouverture de négociations de paix interafghanes.

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Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, lors d'une conférence de presse jeudi 5 mars à Washington.
Photo : AFP /VNA/CVN

Malgré la détérioration de la situation, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a réaffirmé sa confiance dans les chefs du groupe islamiste chassé du pouvoir à Kaboul en 2001 par Washington pour avoir refusé de rompre avec Al-Qaïda après les attentats du 11-Septembre.

"Nous pensons toujours que les dirigeants des talibans travaillent pour tenir leurs engagements", a-t-il dit lors d'une conférence de presse au département d'État, quatre jours après avoir assisté à la signature de l'accord de Doha et à cinq jours du début théorique de négociations directes inédites entre les rebelles et le gouvernement afghan.

Ce texte prévoit que les forces américaines et étrangères entament immédiatement leur retrait progressif, et que le dernier soldat quitte l'Afghanistan dans les 14 mois - à condition que les talibans tiennent leurs engagements en matière contreterroriste et que le dialogue interafghan progresse.

Pour autant, Mike Pompeo n'a pas nié la multiplication des attaques talibanes, qui ont poussé les États-Unis à mener une frappe aérienne contre les insurgés.

"Le regain de violence dans certaines parties de l'Afghanistan ces derniers jours est inacceptable", a protesté le secrétaire d'État. "La violence doit être réduite immédiatement pour que le processus de paix puisse aller de l'avant", a-t-il martelé.

Après une semaine de "réduction de la violence" globalement respectée préalablement à l'accord finalement signé samedi, les talibans ont repris leurs attaques contre les forces afghanes.

Les diplomates américains espéraient pourtant que cette trêve partielle perdurerait dans l'attente de l'ouverture, prévue le 10 mars probablement à Oslo, des négociations interafghanes, censées permettre de la transformer en cessez-le-feu permanent.

"Échanges de prisonniers"

Les forces de sécurité afghanes après une attaque des talibans dans la province de Kunduz, le 4 mars.
Photo : AFP /VNA/CVN

Entre la signature et le 10 mars, "la réduction de la violence reste en vigueur", assurait ainsi un haut responsable américain la semaine dernière.

Mais dès lundi 2 mars, les talibans ont annoncé la reprise des offensives contre les forces afghanes, tout en confirmant la trêve partielle avec l'armée américaine. Kaboul a ainsi dénombré mercredi 30 attaques talibanes sur les 24 heures précédentes, qui ont tué quatre civils et onze membres de forces de sécurité.

Les États-Unis savaient à l'avance "que le chemin serait semé embûches", a tenté de relativiser Mike Pompeo. Il a fait écho au secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg qui avait prévenu mercredi 4 mars dans un entretien avec l'AFP que le processus serait "long et difficile", ponctué par des "déceptions".

Washington est donc à la manœuvre pour lever les obstacles un à un et éviter que ce processus de paix déraille. Et pour cause : cela empêcherait à Donald Trump, déjà en campagne pour sa réélection à la présidentielle de novembre, de tenir une de ses promesses phares, le retrait des forces américaines et la fin de la plus longue guerre de l'histoire des États-Unis après 18 ans de combats.

Fait exceptionnel, et impensable encore récemment, le président des États-Unis s'est personnellement entretenu mardi 3 mars au téléphone avec le chef politique des talibans, Abdul Ghani Baradar, et a même vanté sa "bonne relation avec le mollah".

Au-delà de la violence, le principal obstacle au dialogue interaghan est, dans l'immédiat, la libération de prisonniers prévue par l'accord entre les Américains et les talibans. Le texte prévoit, d'ici au 10 mars, un échange de prisonniers pouvant concerner jusqu'à 5.000 rebelles détenus par Kaboul et jusqu'à 1.000 détenus du camp adverse aux mains des insurgés. Mais le président afghan Ashraf Ghani, dont le gouvernement a été tenu à l'écart des pourparlers de Doha, a rejeté dès dimanche 1er mars toute libération de prisonniers avant même de s'asseoir à la table des négociations avec les talibans.

"Ce sont des documents âprement négociés : toutes les parties savent qu'il est temps de procéder aux échanges de prisonniers", a répondu le secrétaire d'État américain, appelant "toutes les parties à cesser de gesticuler". Il a précisé que son émissaire pour l'Afghanistan Zalmay Khalilzad était jeudi 5 mars à Kaboul pour tenter de surmonter ces obstacles.


AFP/VNA/CVN

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