Afghanistan : les talibans attaquent une première grande ville

Les talibans ont lancé mercredi 7 juillet leur première offensive contre une capitale provinciale d'Afghanistan, Qala-i-Naw, depuis le début en mai de leur campagne contre les forces afghanes, déclenchée à la faveur du retrait des troupes américaines du pays, désormais quasiment terminé.

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De la fumée s'élève de la ville de Qala-i-Naw où les talibans ont lancé une offensive, le 7 juillet dans la province afghane de Badghis.
Photo : AFP/VNA/CVN

Quelques heures après que l'armée américaine a annoncé avoir achevé "à plus de 90%" son retrait d'Afghanistan, les talibans, qui se sont emparés depuis mai de vastes portions rurales du territoire et rapprochés de plusieurs grandes villes, sont entrés mercredi 7 juillet matin dans Qala-i-Naw, une ville d'environ 75.000 habitants, capitale de la province de Badghis (Nord-Ouest).

"Il faut le reconnaître, la guerre fait rage et nous sommes dans une situation militaire très délicate", a admis peu après le ministre afghan de la Défense, Bismillah Mohammadi.

"Mais ce n'est pas la première fois que l'Afghanistan vit des moments difficiles" et "je veux tous vous rassurer, nos forces nationales (...) useront de toute leur puissance et leurs ressources pour défendre notre patrie et notre peuple", a-t-il ajouté.

Fusil d'assaut sur l'épaule et poitrine bardée de chargeurs, le gouverneur de Badghis, Hessamuddin Shams, a assuré dans une vidéo publiée sur Facebook que "toutes les forces de sécurité (...) défendent la ville" et que "l'ennemi a subi des pertes et est défait", alors que continuaient de résonner derrière lui des tirs nourris.

En fin d'après-midi, le ministère de la Défense a affirmé que les talibans avaient "subi des pertes dans leur tentative ratée de s'emparer de Qala-i-Naw". Mais des tirs continuaient d'être entendus dans certaines parties de la ville.

L'armée "a sécurisé la plupart des zones" de Qala-i-Naw et toutes le "seront dans les prochaines heures", a affirmé le porte-parole du ministère, Fawad Aman, sur Twitter.

Le chef du conseil provincial de Badghis, Abdul Aziz Bek, a affirmé mercredi 7 juillet que "la nuit dernière, des responsables des services de sécurité de la province se sont rendus aux talibans et ces derniers étaient en ville ce (mercredi 7 juillet) matin".

Un membre du conseil provincial, Zia Gul Habibi, a indiqué mercredi 7 juillet après-midi que "la ville ne tombait pas" aux mains des talibans. "Mais les talibans sont toujours à l'intérieur de la ville et des avions et des hélicoptères frappent (leurs) positions".

"Effet psychologique"

Des forces de sécurité afghanes à Qala-i-Naw, le 7 juillet dans la province afghane de Bagdhis où les talibans ont lancé une offensive.
Photo : AFP/VNA/CVN

"Tout le monde était terrifié dans la matinée quand les gens ont entendu que les talibans étaient entrés en ville (...) On a rapidement entendu des tirs et des explosions", a raconté Aziz Tawakoli, un habitant de Qala-i-Naw. "Désormais les explosions sont audibles au loin, des hélicoptères et avions survolent la ville et frappent parfois des endroits de la ville".

Les talibans ont expulsé des personnes de leurs domiciles dans le Nord de l'Afghanistan, et pillent ou incendient certaines habitations, a dénoncé mercredi 7 juillet l'association de défense des droits, Human Rights Watch. Des habitants interrogés par téléphone ont indiqué que quelque 600 familles avaient dû quitter Bagh-e Sherkat, dans la province de Kunduz, rapporte l'ONG, qui évoque "le risque que des atrocités soient commises à l'avenir".

"Je suis inquiet, je pense que la situation est pleine de risques", a déclaré mercredi 7 juillet le Premier ministre britannique Boris Johnson, dont le pays, présent avec les forces de l'OTAN, a également commencé à retirer ses dernières troupes.

Mercredi 7 juillet, des délégations du gouvernement afghan et des talibans se sont rencontrées à Téhéran, a annoncé le ministère iranien des Affaires étrangères, après des mois de négociations au point mort au Qatar.

"Aujourd'hui, le peuple et les dirigeants d'Afghanistan doivent prendre des décisions difficiles pour l'avenir de leur pays", a souligné le chef de la diplomatie iranienne, Mohammad Javad Zarif, à l'ouverture des discussions, en saluant le départ américain du territoire de son voisin de l'Est.

Les talibans se sont récemment rapprochés d'Hérat, capitale de la province du même nom, frontalière de l'Iran.

Le porte-parole des talibans, Zabihullah Mujahid, a confirmé qu'une "délégation de haut niveau" était en Iran "à l'invitation officielle" de Téhéran pour y rencontrer des "personnalités afghanes" et discuter de "la situation actuelle du pays et trouver des solutions via des pourparlers".

Entamé en mai, le retrait des troupes américaines a été mené tambour battant, malgré l'avancée inexorable des talibans et le recul des forces afghanes, désormais privées du crucial appui aérien américain.

Les forces américaines et de l'OTAN avaient évacué la semaine passée la base aérienne de Bagram, au nord de Kaboul, plus importante installation militaire de la coalition en Afghanistan et centre névralgique de ses opérations sur place depuis l'entrée des troupes américaines dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001.

Le retrait définitif de l'armée américaine sera terminé d'ici la fin août, selon la Maison Blanche. Il mettra un point final à 20 ans d'intervention américaine dans le pays, la plus longue guerre menée par les États-Unis dans leur histoire.

Moral affaibli

Les talibans avaient brièvement tenté en juin d'attaquer Kunduz, capitale de la province du même nom dans le Nord du pays. Mais l'entrée des talibans dans Qala-i-Naw devrait porter un nouveau coup au moral - déjà considérablement affaibli - des forces afghanes, selon les analystes.

La prise de Qala-i-Naw par les talibans serait "un succès stratégique, car cela aura un effet psychologique sur les forces afghanes qui perdent du terrain rapidement, comme des dominos face à une force inarrêtable", explique Nishank Motwani, chercheur spécialisé sur l'Afghanistan.

AFP/VNA/CVN

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