Accord russo-turc sur un contrôle de la frontière syrienne et un retrait kurde

Les présidents russe et turc se sont accordés mardi 22 octobre sur un retrait des forces kurdes du Nord-Est de la Syrie, prenant le contrôle en commun de la majeure partie de cette zone en proie à un conflit croissant entre Ankara et combattants kurdes.

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Le président russe Vladimir Poutine rencontre son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, à Sotchi le 22 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

Après six heures de négociations à Sotchi, dans le Sud-Ouest de la Russie, Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine ont décidé dans un premier temps de déployer des patrouilles militaires russes et syriennes dans les secteurs de la bande frontalière bordant la zone où l'armée turque a déclenché début octobre une opération militaire.

Ces patrouilles auront pour objectif de "faciliter" le retrait des forces kurdes YPG et leur désarmement dans une zone "profonde de 30 km" le long de la frontière syro-turque. Puis, "150 heures" plus tard, des patrouilles communes, cette fois russo-turques, évolueront dans la zone.

La Turquie gardera néanmoins la haute main sur la zone située entre la ville de Tal Abyad, qu'elle a prise au début de l'offensive, et celle de Ras al-Aïn, dont les derniers combattants kurdes se sont retirés dimanche 20 octobre. Soit une zone de sécurité d'une longueur de 120 kilomètres sous son contrôle direct, sur les 440 qu'elle réclamait à l'origine.

Redur Khalil, l'un des commandants des Forces démocratiques syriennes (FDS, dominées par les combattants kurdes) a pour sa part assuré que le retrait de "tous nos combattants et forces sécuritaires de la zone d'opérations militaires allant de Ras al-Aïn à Tal Abyad" avait été achevé.

"Historique et décisif" 

Un protestataire brandit une pancarte "L'Otan finance, Erdogan bombarde", durant une manifestation pro-kurde à Cologne, dans l'Ouest de l'Allemagne, le 19 octobre.
Photo : AFP/VNA/CVN

De facto, la Turquie et la Russie contrôleront ainsi la majeure partie de la frontière turco-syrienne.

"Avec M. Poutine, nous avons conclu un accord historique", a insisté le président turc.

"Ces décisions sont selon moi très importantes, voire décisives, et vont permettre de régler une situation très tendue", a pour sa part dit son homologue russe.

Dans un appel téléphonique passé à Vladimir Poutine, le président syrien Bachar Al-Assad a pour sa part estimé que "ceux qui ont des desseins séparatistes étaient responsables des évènements qui se sont produits", faisant allusion aux Kurdes, a annoncé mardi 22 octobre l'agence de presse officielle syrienne SANA.

Il a en outre rappelé "son total refus de toute invasion de terres syriennes sous aucun nom ou sous aucun prétexte".

Bachar Al-Assad a répété à maintes reprises qu'il rétablirait au final le contrôle de son gouvernement sur l'ensemble du territoire de la Syrie.

Alors qu'une trêve fragile en vigueur depuis jeudi 17 octobre, négociée entre Ankara et Washington, a expiré mardi 20 octobre à 19h00 GMT, les présidents russe et turc, des acteurs centraux du conflit syrien, sont parvenus à ce compromis pour éviter la reprise de l'offensive militaire turque.

Depuis le 9 octobre, cette opération a provoqué le déplacement de centaines de milliers de civils dans le Nord de la Syrie.

L'opération turque "s'achève, et tout va dépendre maintenant de la mise en œuvre des accords, notamment sur le retrait des forces (...) des unités kurdes", a relevé le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Dans le mémorandum signé mardi 22 octobre à Sotchi, MM. Poutine et Erdogan se sont par ailleurs entendus pour faciliter le retour "volontaire" en Syrie de réfugiés, la Turquie disant vouloir que deux millions d'entre eux retournent en Syrie dans la zone de sécurité qu'elle est en passe de mettre en place.

Le chef de l'État russe a quant à lui insisté sur la lutte contre le "terrorisme", citant le groupe État islamique, les pays occidentaux et la Russie craignant qu'une opération militaire turque n'aboutisse à la libération des milliers de jihadistes détenus par les Kurdes.

L'offensive turque a commencé à la suite de l'annonce du retrait militaire des États-Unis du Nord-Est syrien, abandonnant leur allié kurde dans la lutte contre l'EI. La Turquie, qualifie pour sa part de "terroristes" ces Unités de protection du peuple (YPG).

La Russie freine la Turquie 

Le président russe a répété mardi 22 octobre comprendre "les intérêts de sécurité nationale" de la Turquie, tout en insistant sur l'intégrité territoriale de la Syrie.

Si ces négociations entre MM. Erdogan et Poutine ont eu lieu, c'est aussi parce que Moscou a de facto freiné l'avancée turque, en encourageant depuis le 9 octobre un dialogue entre Damas et les Kurdes.

Appelées à la rescousse par les Kurdes, les forces syriennes, accompagnées de patrouilles militaires russes, avaient repris certaines zones sous contrôle kurde, contrecarrant ainsi les plans d'Ankara de constituer une "zone de sécurité" de 444km le long de sa frontière avec la Syrie.

L'offensive turque a été rendue possible par le retrait militaire des États-Unis du Nord et de l'Est de la Syrie, une décision surprise et décriée du président américain, accusé d'abandonner ses alliés.

Donald Trump a annoncé qu'il ne restait désormais qu'un "petit" nombre de soldats américains en territoire syrien, mais loin de la zone où l'armée turque est déployée.

Sur un autre théâtre du conflit syrien, à quelques heures de la rencontre entre MM. Erdogan et Poutine, Bachar al-Assad a effectué une visite inédite près de la ligne de front à Idleb, une province contrôlée par des rebelles et des jihadistes dans le Nord-Ouest que son gouvernement entend bien reprendre.


AFP/VNA/CVN

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