À Tokyo, une exposition d’art où le vol des œuvres est permis

Cambrioleurs, mais pas tous gentlemen : une galerie d’art à Tokyo a récemment proposé aux visiteurs de "voler" les œuvres de leur choix, mais une part du butin s’est rapidement retrouvée sur des sites de vente aux enchères.

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Des visiteurs regardent des œuvres exposées dans la galerie d’art Same où le vol des œuvres est permis, le 9 juillet à Tokyo.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les organisateurs pensaient que l’événement serait plutôt confidentiel, mais l’infor-mation s’est vite propagée via les réseaux sociaux. Si bien que près de 200 personnes se sont pressées à l’ouverture, peu avant minuit dans la nuit du 9 au 10 juillet.

Les "malfaiteurs" ont été si efficaces que l’exposition a été dévalisée de ses œuvres en moins de dix minutes, alors qu’elle était prévue pour durer jusqu’à dix jours. La cohue a été telle que des policiers sont accourus sur les lieux, avant que les organisateurs ne dissipent tout malentendu.

Cette "exposition d’art escamo-table" était une "expérimentation" censée transformer la relation entre les artistes et le public, a expliqué Tota Hasegawa, à l’origine du projet.

Près de 200 personnes se sont pressées à l’ouverture, peu avant minuit dans la nuit du 9 au 10 juillet.
Photo : AFP/VNA/CVN

Yusuke Hasada, 26 ans, a réussi à s’emparer d’un billet froissé de 10.000 yens (environ 83 euros) encadré, qui faisait partie de l’installation "My Money" de l’artiste Gabin Ito.

Plaisir de la transgression

Arrivé une heure avant l’heure d’ouverture prévue, le jeune homme, l’un des rares à n’être pas reparti bredouille, s’était posté stratégiquement devant l’entrée de la galerie, alors que ses nombreux concurrents attendaient en ordre dispersé.

"Au moment où ils (les organisateurs, ndlr) ont annoncé qu’ils ouvraient plus tôt, tout le monde derrière moi s’est précipité à l’intérieur. J’ai failli tomber", a raconté cet Arsène Lupin d’un soir. "C’était effrayant".

Le jeune homme assure vouloir conserver le fruit de son larcin pour décorer son appartement. Mais certains avaient des intentions plus vénales. Quelques heures après le casse, plusieurs objets de l’exposition étaient déjà en vente sur des sites d’enchères, à des prix atteignant parfois 100.000 yens (plus de 800 euros).

Des gens emportent une œuvre de l’artiste Yang02 soustraite plus tôt dans la galerie d’art, le 9 juillet à Tokyo.
Photo : AFP/VNA/CVN

Yuka Yamauchi, une ingénieure de 35 ans, était arrivée un quart d’heure avant minuit, juste à temps pour voir les autres repartir avec leur butin.

"Il y a longtemps que je n’avais pas vu autant de monde", a-t-elle commenté, alors que la plupart des Tokyoïtes évitent actuellement les rassemblements, de peur d’être infectés par le coronavirus, en nette recrudescence dans la capitale japonaise.

La jeune femme a dû se contenter d’un maigre lot de consolation : une pince ayant probablement servi à accrocher l’une des œuvres. "Je l’ai trouvée par terre, alors je l’ai gardée en souvenir", a-t-elle confié en riant.

La possibilité de voler des objets permet d’attirer un public plus large et procure aux visiteurs un certain plaisir de la transgression, selon Minori Murata, une artiste ayant exposé des portefeuilles avec de l’argent et des cartes de crédit éparpillés.

La société japonaise n’a pas pour habitude de braver les interdits et le pays jouit d’un taux de criminalité très faible. D’ailleurs, certains cambrioleurs de l’exposition se sont comportés comme des gentlemen, a estimé l’organisateur Tota Hasegawa.

La preuve ? Quand l’un d’eux "a perdu son sac avec son portefeuille dedans, l’objet en question a été ramassé, remis à quelqu’un de l’organisation et restitué à son propriétaire", a-t-il souligné.


AFP/VNA/CVN

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