À quand la résurrection des céramiques de Thô Hà ?

Le village de Thô Hà, à 60 km de Hanoi, était autrefois l’un des trois plus grands centres de céramiques du Vietnam. Le métier traditionnel s’est perdu. Thô Hà a tourné la page, mais n’a pas oublié son «âge d’or».

Le village de Thô Hà, situé dans la province de Bac Giang (Nord), est l’un des trois berceaux de céramiques de la région du Kinh Bac (partie Nord de l’ancienne capitale de Thang Long). Les deux autres sont les villages de Phu Lang (province de Bac Ninh) et Bat Tràng (Hanoi).
Selon les annales historiques du village, entre la fin de la dynastie des Ly (1009-1225) et le début de celle des Trân (1226-1400), le mandarin Dào Tiên Tri (issu du village de Thô Hà) et deux autres, l’un provenant du village de Bat Tràng et l’autre du village de Phù Lang, effectuèrent une mission royale en Chine.
À leur retour, ils transférèrent aux villageois de leur terre natale les méthodes de fabrication des céramiques acquises lors de leur séjour. Le village de Thô Hà se spécialisait alors dans les céramiques caractérisées à l’émail brun rouge de couleur naturelle, alors que Bat Tràng et Phù Lang se concentraient respectivement dans les céramiques à l’émail blanc et jaune.

Dans le village de Thô Hà, province de Bac Giang (Nord), les murs sont presque intégralement construits en céramiques.


Une fierté du passé
D’après les artisans âgés, Thô Hà a vu son métier traditionnel et son commerce prospérer du XIVe siècle à la fin des années 1950. Sa réputation résidait dans la qualité de ses céramiques très résistantes à l’eau, solides sinon éternelles, dans leur résonance de cloche et leur émail brun rouge. Les céramiques traditionnelles de Thô Hà sont des faïences, réalisées à partir d’une pâte très spécifique. Durant la cuisson, ces pâtes produisent naturellement une sorte d’émail de couleur brun rouge. Ce n’est pas un hasard si les jarres, bocaux et autres flacons à usage courant signés Thô Hà sont le choix de prédilection des familles pour conserver les aliments et les liquides.
Si le village de Bat Tràng a maintenu sa tradition, on ne peut hélas pas en dire autant de Thô Hà. D’après les anciens artisans du village, c’est à partir des années 1980 que cette activité a périclité. Les villageois, rencontrant des difficultés pour écouler leurs produits, ont commencé à abandonner ce métier ancestral qui s’est ensuite totalement perdu.
Aujourd’hui, le village est spécialisé dans la fabrication de nouilles et de galettes de riz et le commerce. Son histoire n’est plus visible qu’à travers les toits, les murs, la porte du village, la maison communale, tous composés de céramiques. L’espoir de voir cette activité renaître telle le Phénix de ses cendres subsiste encore, certaines personnes souhaitant revenir à leur métier traditionnel et refusant de mettre un point final à cette tradition perdue, à l’instar de cette famille qui a monté un petit atelier et a sorti ses premiers produits.

Linh Thao/CVN


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