À My Son, des paysans attachés à la restauration du patrimoine

De nombreux temples du sanctuaire de My Son, dans la province de Quang Nam, sont préservés et restaurés grâce aux contributions des habitants locaux. Des "paysans-experts" formés sur le tas et dévoués au patrimoine de leur terre natale.

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Sanctuaire de My Son, patrimoine mondial de l’UNESCO.
Photo : Dô Truong/VNA/CVN

Situé dans la province de Quang Nam (Centre), le sanctuaire de My Son est niché dans une vallée verdoyante appartenant à la commune de Duy Phu, district de Duy Xuyên. Il était, dans le passé, le lieu de culte principal du royaume du Champa. C’est là aussi que les tombeaux des rois et membres de familles royales ont été érigés. C’est l’un des plus grands sanctuaires religieux de l’hindouisme dans le Sud-Est asiatique.

En 1969, ce site avec 72 ouvrages architecturaux a été endommagé  par les bombardements américains. La zone A, dont la tour A1, construite au Xe siècle

et considérée par les archéologues comme le cœur du sanctuaire, a aussi été touchée.

Depuis le début de cette année, des experts de l’Institut indien de l’archéologie, en coopération avec le comité de gestion du patrimoine culturel mondial de My Son, ont restauré le groupe de tours de cette zone, après l’ouverture aux touristes des groupes  K et H.

Un travail minutieux et consciencieux

Sous le soleil chaud et sec de mars, une centaine d’ouvriers, divisés en plusieurs petits groupes, s’affairent sur chaque brique moussue. À la tour A8, également connue sous le nom de "tour de la porte", ils sont chargés  de nettoyer la végétation et de décoller chaque petite racine attachée aux briques pour révéler les fondations de la tour. Ce travail compliqué doit être confié à des personnes chevronnées car il décidera du succès ou de l’échec du processus de restauration.

Nguyên Van Nam, domicilié dans la commune de Duy Phu, fait savoir qu’il participe à la restauration et au renforcement des temples de My Son depuis 2004. Ses collègues l’a appelé "Nam-expert", en raison de ses expériences acquises lors de nombreux projets de restauration avec l’aide d’experts italiens ou indiens.

"Je suis paysan à la base. Je considère la restauration des ces anciens temples comme un sort prédestiné", raconte Nguyên Van Nam. Après 16 ans de terrain auprès d’archéologues vietnamiens et étrangers, il connaît  chaque base de temple, chaque brique ou le style architectural... Il partage ses idées sur la technique de création de liant à partir d’huile de dâu rai (Dipterocarpus alatus) ou sur la qualité des briques pour remplacer les briques   originelles en décomposition. "En travaillant avec des archéologues, je me suis imprégné de leur sérieux et de leur minutie dans le choix de chaque brique. Peu à peu, j’ai commencé à apprendre les ficelles du métier...", partage-t-il.

M. Nam et de nombreux ouvriers chevronnés comme lui ont transmis le métier aux jeunes de la commune de Duy Phu. "Le sanctuaire de My Son est un patrimoine culturel mondial qui apporte de nombreux avantages à la population locale, c’est pourquoi je partage mes expériences avec les autres pour pouvoir embellir ensemble notre village natal", souligne-t-il.

Huynh Van Vu, du village de Ban Son, commune de Duy Phu, fait savoir, pour sa part, qu’il est l’une des 50 personnes de la commune à participer à un cours de perfectionnement sur la technique de restauration des anciens temples, dont les enseignants sont des experts italiens.

En raison de l’épidémie de COVID-19, ces experts n’ont  pu se rendre à My Son pour poursuivre leur projet. M. Vu et certains autres collègues ont quand même participé à la rénovation des tours de la zone A.

Toujours selon M. Vu, fondamentalement, les techniques des Italiens ou Indiens appliquées à My Son sont presque similaires. "Les habitants de Duy Phu sont chanceux d’avoir un patrimoine culturel mondial. En tant qu’habitant local, je veux également apprendre de nombreuses  choses d’experts étrangers pour les appliquer à la préservation de ce vestige", exprime M. Vu.

Volonté de protéger le patrimoine

Des travailleurs qualifiés dans le domaine de la préservation sont des habitants locaux.
Photo : CTV/CVN

Lê Van Cuong, cadre spécialisé dans la préservation du comité de gestion du patrimoine culturel mondial de My Son, informe que la centaine d’ouvriers participant à la restauration des temples de My Son sont originaires de la commune de Duy Phu et  que seuls les habitants de cette commune peuvent suivre ce métier qui demande diligence, minutie et patience. Ils sont l’un des facteurs décisifs dans le processus de fouille et de restauration du sanctuaire.

Notamment, les cours de formation, fruit d’une coopération entre le gouvernement italien, l’UNESCO et le Vietnam, permettent aux ouvriers de mieux comprendre la valeur de ce patrimoine et les techniques de restauration. Ils aiment  leur métier et manipulent  chaque brique et chaque artéfact de My Son avec soin.

"De nombreuses propositions de ces ouvriers formés sur le tas ont été reconnues par des experts de premier plan et appliquées dans la restauration", fait savoir Lê Van Cuong.

Nguyên Công Khiêt, chef adjoint du comité de gestion du patrimoine culturel mondial de My Son, déclare qu’avec l’aide des experts italiens, les habitants locaux saisissent rapidement les méthodes de restauration. Plus de 50 travailleurs qualifiés dans ce domaine sont des habitants locaux qui partagent le même dévouement et le même désir de contribuer à la préservation  de ce précieux patrimoine. "On peut affirmer que, lorsque les gens comprennent la valeur d’un patrimoine, la gestion et la restauration sont bien meilleures", souligne-t-il.


Huong Linh/CVN

 

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