À Malte, l'UE fait bloc face à Trump et s'engage à aider la Libye

Les dirigeants européens réunis vendredi 3 décembre en sommet à Malte ont fait bloc face au président américain Donald Trump et se sont engagés à aider la Libye à lutter contre les passeurs.

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Le président du Conseil européen, Donald Tusk, le 3 février 2017 à Malte.
Photo : AFP/VNA/CVN

Très dur ces derniers jours vis-à-vis du nouvel ordre mondial promu par Washington, le président du Conseil européen Donald Tusk a tiré à cette occasion deux conclusions : les relations avec les États-Unis restent "la plus haute priorité politique" de l'Union européenne, mais la situation actuelle ne laisse "aucune autre option" à l'UE que de "regagner confiance en sa propre force".

La volonté de discuter avec Washington est "la même", mais les dirigeants ont exprimé leur inquiétude "à propos de certaines décisions prises", de "certaines attitudes", a expliqué de son côté le Premier ministre maltais Joseph Muscat, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union européenne.

En pleine réflexion sur la signification du 60e anniversaire du Traité fondateur de Rome, dont la célébration est prévue pour fin mars, l'UE a pris le temps vendredi de s'interroger sur sa place dans le monde.

Le président Trump "n'a pas à se mêler de ce qu'est la vie de l'Union européenne", s'est exclamé le chef de l'État français François Hollande à La Valette.

Dans le même esprit, la chancelière allemande Angela Merkel a répété que l'Europe avait son destin entre ses mains.

Priorités libyennes

Le Premier ministre de Malte, Joseph Muscat (gauche), le 3 février à Malte.
Photo : AFP/VNA/CVN

Prête à défendre ses valeurs de solidarité, l'UE s'est pourtant prêtée à un exercice d'équilibre difficile pour le principal sujet de ce sommet informel : tenter de fermer la route migratoire de Méditerranée centrale, de nouveau la principale porte d'entrée dans l'Union européenne pour les migrants clandestins.

Elle a affirmé dans une déclaration sa "détermination à agir dans le respect total des droits de l'homme, du droit international et des valeurs européennes", au moment même où elle se montre plutôt critique à l'égard de la politique migratoire prônée par Donald Trump.

Les dirigeants européens ont fixé 10 priorités, principalement à l'encontre de la Libye, d'où partent 90% des migrants qui tentent de rejoindre l'Italie. Il s'agit de "briser le modèle économique" des passeurs, de sécuriser les frontières de ce pays ou encore d'assurer des conditions décentes aux migrants bloqués dans la région.

Le président français François Hollande, le 3 février à Malte.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les discussions plus courtes que ne le prévoyaient l'ordre du jour du sommet ont témoigné d'un consensus sur la question, a noté une source européenne.

L'ampleur de la tâche reste pourtant grande, dans un pays en proie au chaos depuis 2011 et où le gouvernement d'union nationale, en place à Tripoli, est loin de contrôler tout le territoire libyen.

Au moment même où se déroulait le sommet, plus de mille migrants ont d'ailleurs été sauvés au large de la Libye par deux navires humanitaires, qui ont décrit des situations de "cauchemar" en plein hiver.

Dix mois après la quasi-fermeture de la route migratoire passant par la mer Egée, plus de 181.000 traversées ont été recensées en 2016, un record.

"Nous savons que la situation des réfugiés est dramatique en Libye. C'est pour cela que nous devons procéder dans le même contexte qu'en Turquie : empêcher l'illégalité, mettre fin au jeu des passeurs et des trafiquants et améliorer la situation des réfugiés", a expliqué Angela Merkel.

L'UE va renforcer un programme de formation des garde-côtes libyens, qui agissent dans leurs eaux territoriales où ne peuvent pénétrer les navires chargés des opérations de sauvetage et de surveillance chapeautées par l'UE, dans l'espoir de limiter le nombre des personnes arrivant dans l'Union européenne. l'Union européenne

La chancelière allemande Angela Merkel, le 3 février à Malte.
Photo : AFP/VNA/CVN

Elle se fixe également pour objectif d'améliorer la situation économique des communautés locales en Libye et de coopérer avec le Haut commissariat aux réfugiés (HCR) de l'ONU et l'Organisation internationale des migrations (OIM), pour assurer de bonnes conditions d'accueil aux migrants.

L'UE va par ailleurs chercher la collaboration des tribus nomades établies dans le sud de la Libye "qui ont jusqu'à présent collaboré avec les trafiquants", d'après le Premier ministre maltais.

Ses dirigeants ont aussi exprimé leur soutien à l'Italie qui vient de s'engager à fournir des moyens financiers et matériels pour appuyer les initiatives libyennes, d'un renforcement des moyens des gardes-côtes à la mise en place de camps sous autorité du ministère libyen de l'Intérieur desquels doivent être organisés les retours.

Donald Trump sur la base aérienne d'Andrews dans le Maryland, le 3 février.
Photo : AFP/VNA/CVN

De nombreuses organisations internationales, dont des ONG, ont déjà mis en garde contre les mesures envisagées. "Cela revient à dire qu'on va les renvoyer vers une situation infernale", s'est inquiété Médecins sans frontières.

Près de 1.200 migrants ont péri en mer entre la Libye et l'Italie au cours de l'hiver, dont 190 enfants, soit 13 fois plus qu'à la même période un an plus tôt, selon les évaluations du Fonds de l'ONU pour l'enfance (UNICEF).

AFP/VNA/CVN

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