À Londres, la caverne d'Ali Baba du "soft power" britannique

Dans un discret entrepôt du centre de Londres sommeillent des milliers de peintures, gravures et dessins attendant d'être envoyés aux quatre coins du globe, une vraie caverne d'Ali Baba qui rassemble les outils du "soft power" (politique d'influence) britannique.

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Un employé de la collection d'œuvres d'art du gouvernement britannique manipule une pièce, le 28 septembre à Londres.

La collection d'œuvres d'art du gouvernement compte environ 14.000 pièces, principalement britanniques, rassemblées au cours des deux derniers siècles. Elles peuvent être exposées dans des bâtiments consulaires, des résidences et des bureaux gouvernementaux dans le monde entier.

Downing Street accueille ainsi des portraits du peintre britannique contemporain Lucian Freud et une œuvre du maître paysagiste du XIXe siècle John Constable, l'ambassade britannique à Bahrein des sérigraphies de Barbara Hepworth, celle de Washington des œuvres de Damien Hirst et du peintre et graveur du XVIIIe siècle William Hogarth.

"Les œuvres d'art peuvent servir à briser la glace, amorcer une conversation mais aussi à montrer la grande créativité du Royaume-Uni", souligne la directrice de la collection, Penny Johnson.

Deux employés de la collection d'œuvres d'art soumettent un tableau à un "processus de tropicalisation", le 28 septembre à Londres.
Photo: AFP/VNA/CVN

Certaines sont choisies par un ambassadeur, d'autres résonnent avec le lieu où elles sont exposées. La peintre Bridget Riley a par exemple utilisé les mêmes couleurs que celles de l'Égypte antique pour son œuvre Reflection de 1982, exposée à l'ambassade du Caire.

Insectes ennemis

Environ les deux tiers de la collection sont dispersés dans plus de 150 villes, certaines œuvres en meilleur état que d'autres. Car la chaleur extrême et les insectes représentent un vrai danger et les conservateurs soumettent peintures et images à un "processus de tropicalisation", doublant le dos des œuvres pour les isoler avec une pellicule d'aluminium.

D'autres risques sont de nature domestique: un ambassadeur a récemment renvoyé une installation fragile à Londres, craignant qu'elle ne puisse survivre aux assauts de ses trois jeunes enfants.

Certaines œuvres peuvent aussi être victimes de tensions diplomatiques. Les manifestants qui ont pris d'assaut l'ambassade britannique à Téhéran en 2011 en réponse aux sanctions occidentales contre le programme nucléaire iranien ont abîmé des peintures qui s'y trouvaient, explique Penny Johnson.

L'ambassade a rouvert ses portes en 2015 et les deux pays ont normalisé leurs relations l'année suivante, mais les œuvres d'art n'ont regagné les lieux que depuis quelques mois. Un portrait de la reine Victoria "est en cours de restauration et nous espérons que tout rentrera à Téhéran en décembre", déclare Mme Johnson.

À la page

La collection dispose d'un budget de 855.000 livres (960.000 euros) cette année, financé par le gouvernement, pour couvrir les frais liés aux acquisitions, à la conservation, l'encadrement, le transport et l'installation d'œuvres.

Les dons privés l'aident aussi à rester à la page. En septembre, la collection a annoncé la commande de dix œuvres de dix artistes au cours de la prochaine décennie, financée par un don de 500.000 livres des philanthropes Sybil Robson Orr et Matthew Orr.

Une employée de la collection d'œuvres d'art du gouvernement britannique dans la réserve des peintures, le 28 septembre à Londres.
Photo: AFP/VNA/CVN

Le premier de ces artistes est Hurvin Anderson, sélectionné pour le prestigieux prix Turner, qui a créé une estampe au pochoir intitulée "Nature morte avec des fleurs artificielles", inspirée d'un vase appartenant à sa mère jamaïcaine. Un des tirages en édition limitée a déjà été réservé pour l'ambassade du Royaume-Uni à Paris, qui accueille environ 17.000 visiteurs par an.

"L'art et la culture sont l'une de nos meilleures cartes de visite dans le monde", a souligné le secrétaire d'État chargé des Arts, Michael Ellis, lors du lancement de ce nouveau projet. La collection "est une marque de notre +soft power+ dans le monde", a-t-il ajouté.

Cette année, le Royaume-Uni s'est classé premier de l'indice "Soft Power" du cabinet de conseil britannique Portland Communications, preuve de son influence culturelle, sportive, créative, financière et technologique dans le monde. Mais le cabinet a prévenu que le flou entourant la sortie britannique de l'Union européenne, prévue fin mars 2019, risquait de mettre en péril ces atouts.


AFP/VNA/CVN

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