5G : Londres accorde un feu vert partiel à Huawei, au grand dam de Washington

Le gouvernement britannique a donné mardi 28 janvier son feu vert à une participation du chinois Huawei au réseau 5G, sous une forme préservant la sécurité nationale selon lui, faisant fi des pressions de son allié américain qui s'est dit "déçu", à quelques jours du Brexit.

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Une boutique de télécoms à Londres, qui fait la promotion de la 5G, le 28 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

L'autorisation de la participation du chinois Huawei au réseau 5G pourrait compliquer la tâche du Royaume-Uni qui, dès qu'il sera officiellement sorti de l'Union européenne vendredi 31 janvier, va commencer à négocier d'arrache-pied un vaste accord de libre-échange avec Bruxelles, et un autre avec Washington.

Le ministère du Numérique a annoncé dans un communiqué que le Royaume-Uni autorisait l'accès d'équipementiers télécoms "à risque" comme Huawei à ses réseaux 5G, sans mentionner clairement le chinois.

Huawei s'est aussitôt dit "rassuré par la confirmation du gouvernement britannique que nous pouvons continuer à travailler avec nos clients afin de poursuivre le déploiement de la 5G".

À l'inverse, les États-Unis sont "déçus", a aussitôt réagi un responsable américain sous couvert d'anonymat, laissant entendre que toute présence de Huawei dans le réseau 5G britannique, même limitée, compromettait sa sûreté.

Outre-Atlantique, les parlementaires se sont empressés de commenter la nouvelle, le sénateur démocrate Chris Murphy twittant que l'Amérique "n'a jamais eu moins d'influence".

"Même notre allié le plus proche, la Grande-Bretagne (…) ne nous écoute plus", a-t-il ajouté, une pique à l'adresse du président Donald Trump qui n'a eu de cesse d'inciter ses alliés occidentaux à fermer l'accès de leurs réseaux télécoms au chinois.

La républicaine Elise Stefanik a quant à elle qualifié la décision britannique d'"erreur à courte vue" et de "dangereuse".

Dans le détail, le gouvernement britannique ne permettra pas à Huawei de prendre part au "cœur" du réseau, notamment les serveurs où transitent les données des utilisateurs, ni d'être présent dans des zones géographiques sensibles comme les sites nucléaires et les bases militaires.

Les équipements Huawei devraient toutefois être autorisés dans les infrastructures non stratégiques comme les antennes-relais, qui permettent la connexion des téléphones mobiles au réseau, avec une part de marché limitée à 35% dans la 5G.

Cette décision est l'une des plus stratégiques qu'a eu à prendre Boris Johnson depuis son arrivée au pouvoir l'été dernier, et qui a été conforté depuis par une large victoire aux élections de décembre.

Pressions américaines

Le siège de l'entreprise chinoise Huawei à Reading, à l'ouest de Londres, le 28 janvier.
Photo : AFP/VNA/CVN

Les responsables américains n'avaient pourtant pas ménagé leurs efforts pour faire plier Londres, entre réunions à huis clos et avertissements.

Les États-Unis invoquent les liens étroits de Huawei avec le gouvernement chinois et des risques d'espionnage, ce que le groupe chinois a toujours démenti.

Londres fait valoir qu'il aurait été difficile sur le plan industriel d'interdire Huawei, qui dispose d'une avance technologique sur ses deux principaux concurrents, Nokia et Ericsson, et est présent au Royaume-Uni depuis 15 ans.

Si le chinois avait été rejeté, il aurait fallu retirer ses antennes-relais des infrastructures 4G existantes d'opérateurs comme BT, Vodafone et Three, ce qui serait coûteux, gonflerait les factures des abonnés tout en retardant le passage à la 5G.

À la veille de l'arrivée à Londres du secrétaire d'État américain Mike Pompeo, qui rencontrera notamment son homologue britannique Dominic Raab, le gouvernement britannique faisait tout pour rassurer Washington et décourager d'éventuelles mesures de rétorsion.

Boris Johnson s'est notamment entretenu au téléphone avec Donald Trump.

"Nous ne prendrions jamais de décisions qui menacent notre sécurité nationale ou celle de nos partenaires du réseau Five Eyes" de collaboration dans le renseignement entre le Royaume-Uni, les États-Unis, le Canada, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, a assuré Dominic Raab devant les députés.

Tout en reconnaissant que "les menaces pour nos réseaux sont multiples", y compris émanant de Chine, le ministre assure que les plus sérieuses "sont venues de Russie", absente des réseaux britanniques.

Si, contrairement au Brésil ou à l'Inde, l'Australie et le Japon ont emboîté le pas aux États-Unis en choisissant d'interdire Huawei sur leur sol, l'Union européenne a annoncé mardi 28 janvier qu'elle ne comptait pas exclure l'équipementier par principe mais fixerait des "règles strictes", dans la même veine que Londres.

Le gouvernement français devrait rendre pour sa part à partir de la mi-février ses premiers arbitrages.

AFP/VNA/CVN

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