Vers une capitale sans motos en 2030

Le projet «Renforcer la gestion des véhicules pour réduire les embouteillages et la pollution à Hanoï, période 2017-2020 et vision 2030», vient d’être adopté par le Comité populaire de Hanoï. Entretien avec Vu Van Viên, directeur du Service municipal des transports et des communications.

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Pourriez-vous nous parler de l’état actuel du transport routier à Hanoï et du projet de gestion du parc de véhicules ?

Hanoï recense plus de 5,7 millions de véhicules individuels en activité, dont 5,2 millions de motos et 500.000 voitures. Sans compter 1,2 million de véhicules venus des provinces environnantes. Sur la période 2011-2016, le parc de véhicules a augmenté de 6,7% par an pour les motos et de 10,2% par an pour les voitures, alors que la croissance annuelle des rues n’a atteint que 3,8% en longueur et 0,25% en superficie.

Avec ce rythme de croissance, en 2030, la ville compterait plus de 7,5 millions de motos et 2 millions de voitures, et ce alors que les embouteillages et la pollution constituent déjà, à l’heure actuelle, de graves problèmes dans la ville, notamment aux heures de pointe. Selon certaines études, 70% de la pollution dans la capitale provient des rejets de gaz de pots d’échappement.

Face à cette situation alarmante, le Service municipal des transports et des communications a élaboré, après de longues études, le projet «Renforcer la gestion des véhicules pour réduire les embouteillages et la pollution à Hanoï, période 2017-2020 et vision 2030». Il ambitionne d’assurer au mieux les besoins de déplacement de la population tout en préservant la qualité de l’air. Concrètement, il envisage la limitation graduelle avant l’arrêt total de la circulation des motos intra-muros ainsi que la gestion des autres véhicules, le développement des transports publics et le perfectionnement du réseau routier de la ville.

Le projet vise l’interdiction totale des motos en ville en 2030, alors que celles-ci constituent le moyen de transport principal voire unique de la plupart des Hanoïens. Comment les besoins de déplacement des habitants seront-ils assurés ?

À présent, le réseau routier intra-muros est loin d’être idéal pour une ville de la taille de Hanoï. Dans l’ensemble, les rues et ruelles sont étroites, ce qui fait de la moto le moyen de transport le plus pratique, pour ne pas dire le moyen de transport unique des habitants. Selon le nouveau projet, la limitation graduelle du nombre de motos s’échelonnera sur 13 ans, avant l’arrêt total en 2030. Pendant cette période, la ville s’est fixée des tâches importantes : accélérer les travaux de construction et la réhabilitation des infrastructures routières, développer le réseau de transports en commun, notamment bus et métros aériens.

Comme dans toutes les grandes villes vietnamiennes, les motos restent le principal moyen de transport à Hanoï.

Actuellement, les transports publics de Hanoï ne sont en mesure de répondre qu’à 14% des besoins de la population. L’objectif est d’arriver à 50-55% en 2030. La ville envisage de développer bus (bus à haut niveau de service, BHNS ou bus rapide transit, BRT en anglais), métro aérien, taxis, cars... De nouvelles lignes d’autobus seront ouvertes, notamment dans les quartiers les plus densément peuplés. Les objectifs pour 2025 sont les suivants : transporter quotidiennement 4,2 millions de passagers par bus, achever cinq des neuf lignes de métros aériens (outre les lignes Cat Linh-Hà Dông, Nhôn-Gare de Hanoï actuellement en cours d’achèvement, une dizaine d’autres lignes seront tour à tour mises en chantier, avec un investissement global de 31 milliards de dollars), perfectionner quatre des sept lignes de BHNS (dont les lignes Ngoc Hôi - Phu Xuyên, Mê Linh - Son Dông - Yên Nghia - Ngoc Hôi déjà mises en service).

Mais les voitures sont aussi responsables des embouteillages et de la pollution, n’est-ce pas ?

Certes, mais les motos, extrêmement nombreuses, sont considérées comme le facteur numéro un des embouteillages et de la pollution. Sur la base des expériences de certains pays ayant appliqué le modèle dit de «gestion urbaine sans motos», Hanoï préconise l’arrêt total de la circulation des motos.

Pour les autres véhicules comme voitures, taxis, cyclos-pousses, «tuk-tuk», vélos électriques, le projet propose aussi des mesures de contrôle. Par exemple, d’ici 2020, le propriétaire d’une voiture devra ouvrir un compte bancaire spécial au service du travail de gestion, et payer des frais s’il circule dans les secteurs à fort risque d’embouteillage. Dans le même temps, la ville établira un plan de contrôle quantitatif et qualitatif du parc de taxis, de leur rayon d’action, etc.

Il faudra certes que la population s’habitue à emprunter les transports en commun. Mais sur le long terme, nous sommes confiants en le fait que le développement accéléré des réseaux de transports publics les incitera à ne plus utiliser leur véhicule personnel. Ce projet ambitieux devrait créer une percée dans le développement socio-économique de la capitale et dans sa stratégie d’édification d’une ville «moderne et civilisée».

Nghia Dàn/CVN

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