Une femelle bonobo sacrée "singe le plus intelligent du monde"

Une femelle bonobo, patiente et persévérante, a ravi à une bande de chimpanzés mâles empêtrés dans leurs rivalités le titre de "singe le plus intelligent du monde" : l'issue de ce concours organisé par des zoos belges a surpris les primatologues.

Inspiré par "L'homme le plus intelligent du monde", un programme très populaire de la chaîne publique flamande VRT, le jeu qui a opposé les bonobos du zoo de Planckendael, à Malines, aux chimpanzés du zoo d'Anvers, dans le Nord-Ouest de la Belgique, en Flandre, s'est achevé début août par la victoire des premiers.

Les six épreuves consistaient à présenter aux primates des deux espèces les mêmes puzzles et labyrinthes pour qu'ils en fassent sortir des oranges ou des noix, par une manipulation ingénieuse ou à l'aide d'outils rudimentaires comme des branches effeuillées.

À l'origine, l'initiative "était avant tout ludique", avoue Jeroen Stevens, primatologue à la Société Royale de Zoologie d'Anvers (KMDA) qui gère ces deux zoos.

Il s'agissait de sensibiliser le public et de financer un projet d'alternatives à la chasse aux singes au Cameroun, où la "viande de brousse" est souvent considérée comme un mets de choix. Mais le résultat du concours est une surprise pour les scientifiques. Jeroen Stevens s'attendait en effet à une victoire des chimpanzés, connus pour recourir souvent à des branches afin de se nourrir de fourmis ou de termites, ou à des pierres pour ouvrir des noix. Les bonobos sont eux aussi capables d'utiliser des outils, mais ils sont réputés moins habiles et cela n'a jamais été observé à l'état sauvage, souligne-t-il.

En outre, les chimpanzés étaient habitués par leurs soigneurs à de tels labyrinthes, alors que les bonobos ont d'abord été effrayés par les nouveaux jeux.

Luttes de pouvoir

Jeroen Stevens n'avait pas prévu les problèmes politiques des chimpanzés d'Anvers, où deux jeunes mâles ont commencé cet été à contester le mâle dominant qui régnait depuis dix ans sur le groupe. Au milieu de ces luttes de pouvoir, les jeux proposés n'ont rencontré qu'un intérêt limité.

Chez les bonobos, une société plus paisible et matriarcale où le sexe sert à réguler les conflits, c'est une jeune femelle, Djanoa, qui a, à elle seule, remporté quatre épreuves sur six.

Le primatologue se refuse toutefois à en tirer la conclusion que les bonobos -dont le comportement et les règles sociales sont encore peu connus- sont plus intelligents que les chimpanzés.

Avec la victoire de Djanoa, "le travail de recherche ne fait que commencer" car elle soulève de nouvelles questions, souligne M. Stevens.

Djanoa l'a-t-elle emporté parce qu'elle est plus persévérante que ses congénères? Ou simplement parce qu'elle est la seule à vraiment aimer les noix? Est-elle parvenue à monopoliser les jeux en interdisant aux autres d'y accéder, alors qu'elle n'est même pas la femelle dominante du groupe?

Autant d'interrogations auxquelles les chercheurs du zoo vont désormais chercher des réponses, en variant les friandises placées dans les jeux, en en proposant plusieurs simultanément, ou encore en con-frontant les singes individuellement aux labyrinthes et aux puzzles.

Avec une seule manche sur six remportée par un chimpanzé mâle, le jeu aura aussi permis de confirmer qu'aussi bien chez les bonobos que chez les chimpanzés -deux espèces qui ont 98% de gènes en commun avec l'Homme- "les femelles sont les plus douées pour ce qui est d'utiliser des outils", souligne le primatologue. Mais il est souvent dangereux de comparer les espèces ou de généraliser à une espèce entière des conclusions sur des comportements individuels, prévient Jeroen Stevens : "Tout autant que de faire des parallèles entre l'Homme et le singe".

FP/VNA/CVN

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