Syrie : l’ONU accuse Damas d’attaque chimique, trêve prolongée à Alep

L’ONU, dont des experts accusent le régime syrien d’une nouvelle attaque chimique en 2015, a dû retarder l’évacuation de blessés des quartiers rebelles de la ville d’Alep (Nord), les conditions de sécurité n’étant pas réunies malgré une trêve décrétée par Moscou.

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À New York, le Conseil de sécurité des Nations unies a reçu vendredi 21 octobre un rapport confidentiel concluant que l'armée syrienne avait mené une attaque à l'arme chimique, sans doute du chlore, à Qmenas, dans la province d'Idleb (Nord-Ouest), le 16 mars 2015.

Des Casques blancs syriens recherchent des victimes dans les décombres d'immeubles touchés par des bombardements dans un quartier rebelle d'Alep, le 17 octobre 2016
Photo : AFP/VNA/CVN

En revanche, les experts onusiens n'ont pas réuni de preuves suffisantes pour déterminer la responsabilité de deux autres attaques chimiques, à Binnish (même province) le 24 mars 2015, et à Kafr Zita (province de Hama, Centre) le 18 avril 2014, selon le rapport dont l'AFP a obtenu des éléments.

Au total, sur les neuf attaques chimiques présumées étudiées par les experts, trois ont été attribuées au régime syrien et une au groupe État islamique, au gaz moutarde, à Marea, près d'Alep, le 21 août 2015.

De précédents rapports de l'ONU ou de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques avaient confirmé l'utilisation d'armes chimiques dans la guerre en Syrie, mais sans attribuer de responsabilité précise.

Plus tôt dans la soirée, les Nations unies avaient annoncé avoir nommé une commission d'enquête "indépendante" sur l'attaque d'un convoi humanitaire le 19 septembre près d'Alep, qui avait fait au moins 18 morts. Washington avait accusé Moscou, qui avait nié, d'avoir bombardé le convoi, organisé conjointement par l'ONU et le Croissant-Rouge syrien.

Alep, ancienne capitale économique devenue un enjeu majeur de la guerre en Syrie, est divisée depuis 2012 entre des quartiers Ouest tenus par le régime et des zones Est contrôlées par ses opposants.

L'armée syrienne encercle les quartiers rebelles et leurs 250.000 habitants depuis début juillet et a lancé le 22 septembre, avec la Russie, une offensive destinée à les reprendre.

Couloirs "humanitaires" déserts

Vendredi 21 octobre, au deuxième jour de la trêve décrétée par la Russie, les couloirs dits "humanitaires", pour que civils et combattants puissent quitter Alep-Est, sont restés déserts. "Il n'y a aucun mouvement sur les couloirs dans les quartiers Est", selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Un photographe de l'AFP dans Alep-Ouest, s'étant rendu vendredi 21 octobre à deux couloirs, a constaté qu'ils étaient déserts.

Les combattants rebelles ont recours "aux menaces, au chantage et à la force brute" pour bloquer les couloirs, a assuré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

Après avoir annoncé l'évacuation de 200 blessés pour vendredi 21 octobre, l'ONU a annulé l'opération, expliquant que le personnel médical n'avait pu se rendre sur le terrain.

La Russie a "pris la décision de prolonger la pause humanitaire dans la région d'Alep de 24 heures". La trêve devrait donc prendre fin samedi 22 octobre à 19h00 (16h00 GMT).

Selon la télévision d'État syrienne, des tirs d'obus des rebelles sur les quartiers Ouest ont fait un mort et trois blessés.
Quant aux critiques du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, qui a réclamé l'arrêt des raids aériens du régime et russes sur Alep, la Russie les a jugées "pathétiques".

"Crimes de portée historique"

Le Conseil a aussi condamné "les actes terroristes commis contre des civils par le groupe État islamique (EI), le Front Al-Nosra et d'autres organisations terroristes".

À l'ouverture de la séance, le Haut-Commissaire Zeid Raad al-Hussein a dénoncé des "crimes de portée historique", particulièrement à Alep, perpétrés "par toutes les parties" et qui pourraient constituer "des crimes contre l'humanité".

Il a appelé le Conseil de sécurité de l'ONU à "mettre de côté ses rivalités" pour arrêter ce conflit, qui a fait plus de 300.000 morts depuis mars 2011 et déplacé plus de la moitié de la population du pays.

La guerre, qui avait débuté après la répression de manifestations prodémocratie par le régime, s'est ensuite complexifiée avec l'entrée en jeu d'acteurs étrangers et de groupes jihadistes très violents, comme l'EI.

AFP/VNA/CVN

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