Siège du Parlement européen : Strasbourg, un symbole devenu pesant pour les élus

Les élus européens partisans du regroupement des institutions à Bruxelles vont proposer mercredi 5 juillet d'installer à Strasbourg l'Agence européenne du médicament et le Collège d'Europe, en échange de la fin de l'obligation de tenir douze plénières dans leur hémicycle strasbourgeois.

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L'hémicycle du Parlement européen à Strasbourg.
Photo : AFP/VNA/CVN

"De plus en plus d'élus s'insurgent contre l'obligation de se déplacer chaque mois pour quatre jours à Strasbourg", souligne le député conservateur allemand (CDU), Peter Liese, dans un argumentaire remis à son groupe, le PPE, dont l'AFP a obtenu une copie.

"La décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne offre une occasion unique avec l'obligation de déménager l'Agence européenne du médicament (basée à Londres) dans un État membre", plaide-t-il.

"Le Parlement européen pourrait continuer à sièger à Strasbourg, mais une seule fois par an, pour maintenir le dialogue avec le Conseil de l'Europe, et les dirigeants de l'UE pourraient y organiser quelques sommets", soutient-il.

Le vice-président des Verts, le Belge Philippe Lamberts, dresse le même constat et suggère de déménager le Collège d'Europe - établissement d'enseignement supérieur de droit privé belge, spécialisé dans la formation aux matières liées aux affaires européennes - de Bruges à Strasbourg.

"Cela aurait du sens, car Strasbourg est une ville universitaire et est le siège de l'École nationale d'administration. Elle deviendrait la capitale académique de l'Europe", a-t-il expliqué.

Symbole de l'Europe réunie

Ces propositions seront discutées mercredi 5 juillet lors d'un débat organisé pendant la plénière de juillet à Strasbourg. Les élus de droite français sont vent debout contre. "Ce symbole de l'Europe réunie ne fera l'objet d'aucun marchandage", a affirmé Françoise Grossetête (LR), vice-présidente du groupe PPE.

Graphique répertoriant les principales institutions de l'Union européenne.
Photo : AFP/VNA/CVN

La décision appartient aux chefs d'État et de gouvernement. "L'abolition des sessions à Strasbourg impose d'amender les traités et cela ne sera possible que si les Etats membres l'acceptent à l'unanimité", rappelle Peter Liese.

Le président Emmanuel Macron n'a pas pris de décision. Mais deux phrases dans le livre des condoléances ouvert samedi 1er juillet pour l'hommage européen rendu à l'ancien chancelier Helmut Kohl dans l'hémicycle strasbourgeois laissent peu de doutes.

"Helmut Kohl fut un artisan de l'Allemagne unie, un bâtisseur de l'Europe, un ami de la France. En lui rendant hommage en ce lieu symbolique de notre lien, nous disons notre espérance dans l'avenir de l'Europe", a écrit le chef de l'État.

Le président français ne peut toutefois ignorer les demandes des élus européens. Imposer l'installation à Strasbourg n'aurait pas de sens. "Le Parlement est devenu colégislateur. Il serait beaucoup plus logique qu'il siège au même endroit que les autres institutions", soutient Philippe Lamberts. Le coût de l'entretien de deux sièges est en outre difficile à justifier en période d'austérité budgétaire.

Image d'archives montrant l'extérieur du Parlement européen à Strasbourg
Photo : AFP/VNA/CVN

Les travaux du Parlement européen sont actuellement répartis entre Strasbourg, où se déroulent les sessions plénières, et Bruxelles, où siègent les commissions parlementaires et où se tiennent aussi certaines sessions. Le secrétariat général du Parlement se trouve par ailleurs à Luxembourg.

Mais le symbole qu'est Strasbourg est devenu pesant et ce sont des élus allemands qui le disent aujourd'hui. La dernière résolution réclamant un siège unique et la possibilité pour les élus de fixer le lieu a été adoptée en février par 283 voix contre 269 et 83 abstentions.

La mise à disposition d'un hémicycle en plein cœur du quartier européen à Bruxelles en 1993 a accentué le désamour pour celui de Strasbourg, devenu un lieu de passage.

La décision sur la relocalisation de l'EMA et de l'Autorité bancaire européenne (EBA) sera prise lors d'un sommet européen en novembre. La France a jusqu'à présent choisi de soutenir la candidature de Lille contre Strasbourg avant les élections.

"Lille est idéalement située au cœur de l'Europe, à 40 minutes de Bruxelles et une heure de Paris. Elle bénéficie d'une très bonne accessibilité, s'appuyant sur l'aéroport international Roissy-Charles-de-Gaulle", avait expliqué dans son communiqué le Premier ministre Bernard Cazeneuve pour justifier son choix.

AFP/VNA/CVN

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