Seul humanitaire au large de la Libye, l'Aquarius s'inquiète surtout d'être désœuvré

À bord de l'Aquarius, seul navire d'ONG resté au large de la Libye, secouristes et humanitaires poursuivent leur veille, s'inquiétant surtout de ne plus voir arriver de migrants.

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Les humanitaires à bord de l'Aquarius le 14 août au large des côtes libyennes.

Jeudi 10 août, la marine libyenne a annoncé la création d'une zone de recherche et de secours (SAR) allant bien au-delà des 12 milles nautiques de ses eaux territoriales, et en a banni les ONG, que Tripoli accuse de collusion avec les passeurs.

Quelques jours plus tôt, des gardes-côtes libyens avaient tiré en l'air en face d'un navire humanitaire, promettant de le viser directement la prochaine fois. Une à une, les ONG ont suspendu leurs opérations.

L'Aquarius, affrété par SOS Méditerranée avec le concours de Médecins sans frontières (MSF), est resté seul au large de la Libye, où le Golfo Azzurro de l'ONG espagnole Proactiva Open Arms, actuellement en ravitaillement à Malte, devrait prendre le relais mardi.

"Pour l'instant, nous poursuivons notre activité de patrouille dans les eaux internationales", assure Nicola Stalla, coordinateur des opérations de recherche et sauvetage à bord de l'Aquarius.

Ce grand bateau orange de 68 mètres de long a longtemps travaillé pour les gardes-côtes allemands puis dans la prospection pétrolière. Depuis l'an dernier, il patrouille au large de la Libye pour sauver des vies.

À bord, les deux ONG comptent chacune une douzaine de personnes, venues de divers pays d'Europe mais aussi des États-Unis ou d'Australie. Pour SOS Méditerranée, des gens de la mer désireux de donner de leur temps. Pour MSF, des médecins, logisticiens ou techniciens baroudeurs de l'humanitaire, de l'épidémie d'Ebola à la bataille de Mossoul, mais n'ayant pas forcément le pied marin.

À cela s'ajoutent un capitaine biélorusse et une petite dizaine de membres d'équipage, essentiellement slaves, des professionnels loués avec le bateau mais dont la plupart ont choisi cette mission singulière.

Tous sont partis de Sicile le 30 juillet pour une rotation d'un peu moins de trois semaines, et selon un journaliste de l'AFP présent à bord, l'humeur et le quotidien n'ont pas changé ces derniers jours.

Scruter les flots

Les secouristes de SOS Méditerranée continuent de se relayer toutes les deux heures pour scruter les flots jour et nuit, les membres de MSF vérifient le stock de médicaments, l'équipage repeint le pont... sans oublier l'exercice physique.

Un membre de l'association "SOS Méditerrannée" à bord de l'Aquarius le 14 août au large des côtes lybiennes.

La nuit, le navire s'éloigne à 30 milles des côtes, essentiellement pour éviter les filets des pêcheurs, et par mesure de précaution en vigueur depuis l'année dernière, les portes menant sur le pont sont fermées à clé.

Le jour, l'Aquarius croisait d'habitude à 20 milles --une distance à laquelle on peut apercevoir le relief libyen --mais restera désormais à 24 milles, sauf si les gardes-côtes italiens coordonnant les opérations de secours dans la zone lui demandent d'intervenir plus près des côtes libyennes.

Un plan d'urgence est en place pour permettre à tout le monde de s'enfermer si le navire est abordé. Mais pour l'instant, seul le C-Star, navire affrété par des militants d'extrême droite européens, les a approchés.

Et ce qui inquiète vraiment les humanitaires, c'est avant tout le calme plat de leurs journées.

Alors que la mer est calme et les vents favorables aux départs, l'Aquarius n'a plus aperçu d'embarcation de migrants depuis une semaine. Même au coeur de l'hiver, la saison la moins favorable aux départs, il n'avait pas connu de rotation de trois semaines sans ramener des centaines de migrants.

En Italie, les arrivées de migrants ont diminué de moitié en juillet par rapport à l'année dernière, et les autorités en ont compté 1.700 depuis début août, encore loin des 21.300 enregistrés sur tout le mois d'août 2016.

"Il est très difficile de savoir ce qui se passe en Libye. Mais ici on voit qu'il y a moins de canots qui partent et que ceux qui partent sont interceptés par les gardes-côtes libyens", explique Marcella Kraay, responsable de projet de MSF à bord.

Elle qui a constaté les traces de mauvais traitements, de violences et de tortures subis en Libye sur les corps de tant de migrants secourus par l'Aquarius, s'inquiète du sort de ces migrants interceptés et ramenés dans des centres de détention en Libye, à la merci d'un nouveau cycle d'abus.


AFP/VNA/CVN

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