Pollution lumineuse : "réserve de ciel étoilé" pour un observatoire canadien

Pour lutter contre la pollution lumineuse et continuer de scruter les astres, un observatoire canadien s'est doté d'une "réserve de ciel étoilé" de 5.500 km², une première mondiale inspirant d'autres observatoires, dont celui du Pic du Midi, en France. Bernard Malenfant travaille à l'observatoire du Mont-Mégantic à 250 km de Montréal depuis sa construction en 1978, à la frontière des États américains du New Hampshire et du Maine.

Au début, ce grand blond avait besoin d'une lampe de poche pour marcher la nuit autour de la coupole surplombant à 1.111 m les montagnes des Appalaches, au sud. Mais au fil des années, les nuits perdaient de leur obscurité au profit d'un voile orangé grandissant.

Si bien qu'à partir des années 1990 "on pouvait faire des ombres sur les murs de la bâtisse", raconte M. Malenfant, technicien d'observation et véritable ange-gardien du télescope, dont le miroir de 1,60 m de diamètre en fait le plus important dans l'Est de l'Amérique du Nord.

Avec cette pollution lumineuse croissante, les astronomes ne pouvaient plus mener correctement leurs recherches et l'avenir de l'observatoire était sérieusement compromis. "Le ciel devenait bien trop brillant", note Robert Lamontagne, directeur de l'observatoire.

Face à cette situation, les autorités locales et les astronomes ont décidé en 2003 de réduire drastiquement les émissions lumineuses environnantes. En 5 ans, elles ont été diminuées de 25%. Pour parvenir à cette "première réserve internationale de ciel étoilé", selon l'International Dark-Sky Association, il a fallu mêler travail de porte-à-porte et adoption de nouveaux règlements municipaux.

À 25 km à la ronde du Mont-Mégantic, les ampoules des lampes extérieures ont été remplacées au profit de modèles émettant moins de rayons infrarouges, tels ceux au sodium ou fluocompacte. Les ampoules au mercure, caractérisées par leur fort rayonnement orange, ont été bannies.

De plus, les lampadaires et autres projecteurs ont été remplacés ou modifiés pour ne plus éclairer le ciel. "C'est parfois aussi bête que de réorienter les éclairages vers le bas ou d'y ajouter un abat-jour", dit M. Lamontagne.

La réglementation a également été changée dans un rayon de 25 à 50 km, de telle sorte que tout remplacement d'éclairage ou d'ampoule respecte la réserve de ciel étoilé.

Le ministère québécois des Transports a de son côté modifié l'éclairage du réseau routier et la capitale régionale Sherbrooke (150.000 habitants) a adopté un règlement similaire, bien que située à 80 km à l'ouest.

Déjà une grande surface de cette ville a reçu une amende pour avoir installé des projecteurs éclairant sa façade, donc le ciel, raconte M. Malenfant.

De plus, ces modifications ont permis des économies d'énergie estimées à 1,5 million de kilowattheures par an, soit la consommation annuelle d'un petit village.

Bien que récente, cette initiative unique fait déjà école. Au début du mois de mai, une équipe de l'observatoire français du Pic du Midi a visité les installations du Mont-Mégantic, dit M. Malenfant.

L'observatoire situé dans la chaîne des Pyrénées (Sud) souhaite en effet créer la première réserve européenne de ciel étoilé, en limitant la pollution lumineuse dans un rayon de 15 km. Si ce projet aboutit, il devrait faire le bonheur des astronomes français, mais aussi de l'industrie touristique. Avec quelque 20.000 visiteurs annuels, l'observatoire du Mont-Mégantic est un formidable catalyseur pour l'économie de la région.

AFP/VNA/CVN

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