France
Nouveaux programmes scolaires, la dictée quotidienne fait déjà des vagues

Dictée, lecture et calcul mental quotidiens, mention explicite des Lumières en histoire, fin du jargon : les nouveaux programmes scolaires du CP à la troisième, prévus pour la rentrée 2016, ont été retouchés face aux critiques mais suscitent déjà l'indignation des syndicats.

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Un élève lors d'une dictée dans un collège parisien.

La priorité à la maîtrise des langages se traduira par un entraînement quotidien à la dictée, au calcul mental et la lecture à haute voix à l'école élémentaire, a annoncé vendredi 18 septembre la ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem.

L'accent mis sur les fondamentaux semble destiné à couper court à de nouvelles critiques de la droite, qui insiste régulièrement sur l'importance du "lire, écrire, compter".

Mais il a fait bondir les syndicats enseignants. Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp-FSU, première organisation dans le primaire, s'est déclaré "abasourdi". "On a rien contre la dictée mais c'est la première fois qu'une ministre décide toute seule de ce que doit faire chaque jour un professeur des écoles dans sa classe", a-t-il dit.

Les instituteurs "en ont assez de l'infantilisation dont font preuve beaucoup de ministres", a renchéri le Sgen-CFDT.

Au ministère, on précise qu'il ne s'agit pas forcément d'instaurer une dictée formelle chaque jour : cela peut être écrire sous la dictée un énoncé d'exercice de calcul, ou bien les consignes dans un cours d'histoire par exemple.

La ministre de l'Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkace, et le président du Conseil supérieur des programmes, Michel Lussault, lors de la présentation le 18 septembre à Paris la version quasi-définitive des programmes scolaires.
Photo : AFP/VNA/CVN

Ces nouveaux programmes, qui couvrent l'école élémentaire et le collège, ont été concoctés simultanément dans un souci de cohérence et de progressivité, a dit la ministre. Il faut que les apprentissages arrivent "dans un certain ordre, à un certain rythme", afin que les élèves "impriment". En maths, la division est ainsi reportée au CM1 au lieu du CE2, "quand les enfants sont en mesure de la comprendre".

Les programmes précédents étaient considérés "trop lourds par les enseignants", qui devaient "courir sans avoir le temps de vérifier si les élèves avaient vraiment compris". C'est pourquoi la loi sur l'école de 2013 de Vincent Peillon, alors ministre, avait prévu leur réécriture sous l'égide d'un nouveau Conseil supérieur des programmes (CSP), composé d'experts, enseignants et parlementaires de gauche comme de droite.

Christianisme, judaïsme et islam

Les nouveaux programmes ne seront plus annuels, mais sur des cycles de trois ans (CP-CE2, CM1-6e, 5e-3e). Quand un élève n'a pas fini une acquisition en CP, on peut y remédier en CE1 ou CE2. "Nous ne voulons pas d'élèves qui se contentent de répéter, d'utiliser des recettes sans comprendre", a plaidé le président du CSP Michel Lussault.

Le premier projet du CSP avait déclenché au printemps une levée de boucliers dans le monde politique, intellectuel et académique. Vendredi 18 septembre, la ministre a félicité M. Lussault pour son "flegme" et son "aptitude à survivre en apnée".

Une classe à Paris.

D'aucuns avaient dénoncé un enseignement de l'histoire "culpabilisant" et sans chronologie, des thèmes au choix de l'enseignant, une novlangue incompréhensible par les parents... Ce débat s'était télescopé avec les critiques adressées à une autre réforme, celle du collège, prévue également pour la rentrée 2016.

Les élèves étudieront toujours la naissance et l'expansion de l'islam en cinquième, après avoir découvert le judaïsme et la naissance du christianisme en sixième. Il y aura une mise en perspective avec les empires byzantin et carolingien.

"Toutes les grandes périodes de l'histoire de France seront étudiées", mais "nous laissons la possibilité aux enseignants de choisir leurs exemples", a résumé Najat Vallaud-Belkacem.

En éducation physique et sportive comme ailleurs, le vocabulaire jargonnant a été proscrit : exit le très raillé "milieu aquatique profond standardisé", remplacé non pas par "piscine", mais par "bassin en eau profonde".

En français, le CSP a refusé en revanche d'introduire des listes d'œuvres littéraires, demandées par des enseignants, mais a "renforcé les liens entre les thèmes, les genres et les périodes littéraires". Par exemple, le thème de l'amour en quatrième doit être abordé avec des poésies allant de l'Antiquité au XIXe siècle, une pièce de théâtre du XVIIe...

Après un nouvel examen des textes en octobre par la communauté éducative, ce sera à la ministre de les valider définitivement.

AFP/VNA/CVN

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