Ngô Lan Huong, la reine des échecs chinois

Ngô Lan Huong est connue comme le loup blanc parmi le microcosme des joueurs professionnels d’échecs traditionnels chinois. Reine du jeu d’échecs, elle fut dix fois championne nationale et une fois championne d’Asie. Elle ne compte pas s’arrêter là.

Depuis sa plus tendre enfance, Ngô Lan Huong se passionne pour les échecs chinois.
Photo : TTVH/CVN

Le 4 novembre 2011 est le «jour mémorable» de Ngô Lan Huong. Au 15e Championnat d’échecs traditionnels d’Asie, tenu à Macao en Chine, cette Vietnamienne s’est emparée du titre de «championne d’Asie» en battant en finale la Chinoise Chen Lichun. En 30 ans, c’est la première fois que les Chinoises perdaient le titre. «C’était un vrai bonheur de se placer au plus haut du podium et d’écouter l’hymne national retentir face au public», confie-t-elle avec émotion.

Toujours à l’internationale, cette joueuse vietnamienne a, par deux fois, été «dauphine» mondiale, en 2007 et 2009. Sans oublier la médaille d’or décrochée lors des ASIAN Indoor Games, en 2007. Et cette année, pour la 10e fois de sa carrière, elle est de nouveau sacrée «championne nationale».

Selon la tradition, seuls les hommes aiment, et maîtrisent, la pratique du jeu d’échecs chinois (co tuong en vietnamien). Mais les performances de Lan Huong mettent à mal cette idée, et lui attire le respect de tous.

Un métier «à la masculine»

À la différence des joueurs, professionnels ou non, qui s’entraînent le plus souvent en face à face, Lan Huong préfère les entraînements en ligne, se passionnant pour l’échiquier virtuel. «En match public, les joueurs sont quasiment tous des hommes. La présence d’une joueuse paraît, comme anormale. Et celle-ci sera toujours l’objet d’une certaine taquinerie», explique-t-elle.

Ngô Lan Huong et sa médaille d’or au 15e Championnat d’échecs traditionnels d’Asie, tenu à Macao en Chine.
Photo : NLD/CVN

Née en 1979 dans une famille d’origine chinoise, à Hô Chi Minh-Ville, Lan Huong se passionne dès son enfance pour les échecs chinois. À la différence des filles de son âge, elle préfère à l’époque suivre son grand frère au club d’échecs du quartier que de jouer à la poupée. «Mon frère est mon premier maître en échecs. Il m’a appris les techniques de jeu, et la personnalité d’un bon joueur», avoue-t-elle.

L’année 1983 est une étape importante dans la vie de Lan Huong. Son école Mach Kiêm Hung organise un tournoi d’échecs pour les collégiens. Grâce à l’aide de son professeur principal, Lan Huong, alors en 8e classe, se voit accorder une exception et reçoit la permission d’y participer. «Je me disais alors qu’il serait normal de ne pas gagner. Et que dans le cas contraire, ce serait quelque chose de vraiment merveilleux», se rappelle la joueuse.

Et par miracle, Lan Huong remporte ce jour-là le tournoi, première et unique joueuse féminine. C’est une victoire absolue pour la jeune prodigue, qui est ensuite choisie pour représenter son école au tournoi inter-collèges de la ville, où elle décroche la médaille d’argent. Sa réputation dépasse déjà le milieu scolaire, et elle est invitée à la sélection junior du 5e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville. C’est ainsi que débute, en 1993, sa carrière de joueuse professionnelle.

«Pour moi, les échecs traditionnels sont comme une + dette originale+. C’est un métier peu pratiqué chez les femmes, que je ne peux cependant pas abandonner», confie Lan Huong. En effet, pour se faire une place dans ce domaine traditionnellement masculin, elle a laissé de côté les tâches habituellement réservées aux femmes, comme la cuisine, l’entretien de la maison… «Heureusement, j’ai bénéficié du soutien de mes parents. C’est ma mère qui a toujours fait pour moi les préparatifs matériels et spirituels avant le départ pour une compétition».

Dix fois championne nationale

Cela fait désormais 20 ans que Lan Huong joue au niveau professionnel, et rien de semble arrêter sa progression vers de nouvelles médailles et prix.

Son premier «trophée» date de 2001, quand, à l’âge de 22 ans, elle l’emporte sur Lê Thi Huong, une joueuse chevronnée par sept fois «championne nationale» (dont six fois consécutives : de 1992 à 1997, puis en l’an 2000). Selon Lan Huong, cette victoire a été un véritable tremplin pour la suite de la carrière.

Ngô Lan Huong et ses co-équipiers de la sélection nationale posent avec leur entraîneur Hoàng Dinh Hông (à gauche).

Dix fois couronnée «championne nationale» entre 2001 et 2013, dont sept années consécutives de 2005 à 2011, elle mérite absolument son titre de «reine». Sa victoire au Championnat d’Asie en 2011 est, jusqu’à présent, le couronnement de sa carrière.

Battue par Cao Phuong Thanh en 2012, Lan Huong est bien décidée à sauver l’honneur en 2013. Une volonté de fer qui la mène à une nouvelle victoire.

En dehors des échecs, Hoàng Lan suit des cours de perfectionnement d’anglais et de chinois. De temps en temps, elle se fait interprète pour des entreprises étrangères implantées en ville. «Les langues étrangères sont aussi un gagne-pain. À vraiment dire, le salaire de joueuse s’avère trop modeste», explique-t-elle avec un sourire. De toute façon, «les échecs sont toujours un plaisir, et l’occasion de longs et intéressants voyages», conclut-elle.

Lan Huong s’est d’ailleurs mariée en 2012 avec un entraîneur singapourien. Un «amour sans frontière» débuté aux ASIAN Indoor Games de 2007.


Des exploits qui parlent

* Championne au 15e Championnat d’Asie d’échecs chinois (en 2011).
* Dix fois «championne nationale» (en 2001, 2002, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010, 2011, 2013).
* Deux fois «dauphine» aux championnats mondiaux (en 2007 et 2009).
* Médaille d’or à ASIAN Indoor Games (en 2007).
* Deux fois médaille de bronze au Championnat d’Asie d’échecs chinois (en 2002 et 2006)
* Dauphine aux Jeux sportifs mondiaux des intellectuels (en 2011).

Nghia Dàn/CVN

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