Musées : quelles solutions pour attirer le public ?

Si les musées vietnamiens remplissent leur mission de conservation, ils ont toutes les peines du monde à séduire le public. Bilan et remèdes.

Des touristes étrangers au Musée d’ethnographie du Vietnam, à Hanoi.

À 10h00 au Musée national d’histoire du Vietnam, au cœur de Hanoi. Seulement 7-8 personnes, d’une même famille venue du Sud, sont à l’intérieur. Elles parcourent les couloirs et jettent des regards rapides sur les objets, puis accélèrent le pas vers les bancs pour se reposer.

Et qu’en est-il au Musée Hô Chí Minh et au Musée de l’histoire militaire du Vietnam, toujours à Hanoi, théoriquement plus fréquentés en raison de leur proximité d’un intéressant complexe de plusieurs sites culturels et historiques autour du Mausolée de Hô Chí Minh? Peu ou prou la même chose..., puisque ce même matin d’automne, ils n’accueillent chacun que 8-9 groupes de visiteurs étrangers et quelques dizaines de Vietnamiens. Situation guère plus reluisante au Musée d’ethnographie du Vietnam, avec seulement 4-5 groupes de visiteurs, étrangers pour la plupart.

Au Musée des beaux-arts, à part un ou deux gardiens et une dizaine de personnes qui vont et viennent (probablement des employés), il semble n’y avoir aucune âme qui vive...

Quant au Musée des femmes du Vietnam, beaucoup d’Hanoïens ont été étonnés d’apprendre qu’il a été reconnu «Destination touristique la plus attrayante de 2012 à Hanoi». Car de nombreux d’entre eux ne l’ont jamais visité...

Même au Musée de Hanoi, celui pour lequel le pays a consenti le plus gros investissement jusqu’à maintenant et dont la première phase a été inaugurée en 2010 en l’honneur du millénaire de la ville, les visiteurs se comptent sur les doigts de la main.

Situation idéale, énorme investissement, mais...

Selon le Service du patrimoine (du ministère de la Culture, des Sports et du Tourisme), le pays compte 134 musées, publics et privés. On peut voir clairement le vif intérêt de l’État pour le réseau muséographique dans la mesure où la plupart de ces établissements sont situés en plein centre des grandes villes.

En outre, l’investissement qui leur est réservé est souvent colossal par rapport à bien d’autres institutions publiques. Chaque année, le Musée d’histoire du Vietnam se voit accorder une enveloppe d’environ 13 milliards de dôngs pour l’ensemble de ses activités. Et après sa fusion cette année avec celui de la révolution vietnamienne, le montant alloué devrait s’envoler. En ce qui concerne le Musée de Hanoi, en plus des 2.300 milliards de dôngs pour sa construction, son installation a coûté plus de 775 milliards de dôngs, à quoi s’ajoutent les dépenses annuelles…

En dépit de leur situation souvent privilégiée et des investissements conséquents de l’État, la plupart de ces établissements n’ont accueilli ces dernières années qu’un petit nombre de visiteurs, beaucoup moins en tout cas que nombre de leurs homologues dans le monde.

Les musées doivent bien cibler le public

… attractivité en berne

D’une superficie de moins de 2.000 m², le Musée d’histoire de Hô Chi Minh-Ville ne peut exposer que 3.000 des 45.000 objets qu’il possède. «Nos objets doivent être présentés tour à tour faute d’espaces suffisants», déplore son directeur adjoint, le Docteur Pham Huu Công. «Nous voudrions des ateliers pédagogiques pour accueillir des écoliers et étudiants... Mais nous n’en avons aucun pour l’instant», ajoute-t-il.

Même constat au Musée des vestiges de guerre à Hô Chi Minh-Ville. Malgré quelques rénovations, il ne peut exposer qu’un dixième de ses 15.000 objets. «Il y a des objets d’artillerie lourde dont l’exposition nécessite forcément des équipements spéciaux. Et l’idéal serait d’illustrer leur fonctionnement sur un support vidéo. Sinon, ils ne sont que de simples morceaux de fer comme partout ailleurs», explique Huynh Ngoc Vân, directrice du musée.

Ce manque de place s’explique par le fait que la plupart des musées vietnamiens sont installés dans d’anciens bâtiments rénovés qui n’avaient pas été conçus pour cet usage. «L’organisation et l’aménagement de la plupart de nos musées n’ont guère évolué en 50-60 ans», déplore le prof.-Docteur Nguyên Van Huy, membre du Conseil national des patrimoines culturels, ex-directeur du Musée d’ethnographie du Vietnam.

Aux dires d’experts, afin d’attirer plus de visiteurs, il faut moderniser les établissements. À l’ère du multimédia, le visiteur du XXIe siècle ne peut plus se contenter d’objets déposés derrière une vitrine agrémentés d’une étiquette jaunie. Il faut transformer les musées en véritables centres culturels avec des salles audiovisuelles, de recherche ou de documentation, des auditoriums, des librairies, mais aussi des services commerciaux, des cafés, des restaurants, ainsi que des surfaces importantes pour l’accueil, l’information et l’orientation des visiteurs. Nécessité aussi de bien cibler le public : le passionné, l’amateur, l’écolier, l’enfant, le client d’un divertissement, le touriste ?

Pour faire des musées des centres d’activités multiformes conformes à l’époque où le spirituel et la consommation sont étroitement mêlés dans ce qu’il est convenu d’appeler la «vie culturelle».

Hoàng Minh/CVN

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