Moteurs truqués : les États-Unis traînent Volkswagen en justice

Les autorités américaines ont décidé le 4 janvier de traduire en justice Volkswagen et ses marques haut de gamme Audi et Porsche à qui elles réclament au moins 20 milliards de dollars de dédommagements.

>>Volkswagen va investir un milliard d'euros de moins en 2016

Le département de la Justice (DoJ) et l'agence de l'Environnement (EPA) ont annoncé avoir déposé une plainte commune devant un tribunal du Michigan (Nord) contre le groupe allemand connu pour ses Golf, Passat et autre Polo.

Ils lui reprochent d'avoir équipé 600.000 véhicules diesel d'un logiciel leur ayant permis de polluer "excessivement" sans se faire prendre, "trompant (ainsi) les consommateurs et affectant leur santé", selon les documents judiciaires.

Matthias Mueller, Pdg de Volkswagen, en conférence de presse à Wolfsburg, dans le Centre de l'Allemagne, le 10 décembre 2015.
Photo : AFP/VNA/CVN

Cette action civile est distincte du volet pénal : le ministère de la Justice a en effet ouvert une enquête pénale en parallèle.

Au tribunal civil, le DoJ et l'EPA demandent des dommages et intérêts pouvant s'élever à au moins 20 milliards de dollars et le remboursement de leurs frais de justice.

Dans le détail, les deux régulateurs attendent de la justice qu'elle impose une pénalité d'au moins 32.500 dollars pour chaque véhicule affecté. À ceci s'ajouterait au moins 2.750 dollars par logiciel installé. Le montant de l'amende peut varier selon le millésime des voitures concernées.

Volkswagen, qui génère un chiffre d'affaires annuel de 200 milliards d'euros et emploie 600.000 personnes, a déjà mis de côté 6 milliards d'euros en prévision d'éventuels amendes et accords.

Le groupe a aussi recruté Kenneth Feinberg, un avocat de renom, pour l'aider à gérer les recours collectifs déposés par de nombreux automobilistes en Californie.

"La plainte d'aujourd'hui est une première étape pour traduire en justice Volkswagen pour avoir échoué à révéler un logiciel truqueur au moment où il cherchait à faire certifier ses véhicules diesel auprès de l'EPA", a expliqué Barbara McQuade, procureur fédéral du Michigan (Nord) dans un communiqué.

"Les États-Unis vont recourir à tous les remèdes appropriés contre Volkswagen pour obtenir réparation des violations présumées de nos lois sur la qualité de l'air", renchérit John Cruden, un des ministres adjoints de la Justice.

Rappels ?

VW, qui joue la carte de l'humilité pour regagner la confiance des consommateurs, n'a pas directement réagi à cette nouvelle offensive des autorités américaines, préférant souligner sa bonne volonté.

"Nous allons lire et examiner la plainte", a déclaré Eric Felber, un porte-parole du groupe, ajoutant que VW "coopère étroitement" avec les autorités américaines".

Le logo Volkswagen chez un garagiste à Woodbrige, en Virginie du Nord.

Le scandale des moteurs truqués de Volkswagen a éclaté en septembre aux États-Unis et s'est répandu à travers le monde : au total 11 millions de véhicules VW ont été équipés d'un logiciel permettant de fausser les tests antipollution.

Le mastodonte aux douze marques a pour l'instant suspendu une poignée de cadres dirigeants, et son patron de 2007 à 2015, Martin Winterkorn, a démissionné tout en affirmant n'avoir rien su de l'installation de logiciels truqueurs.

Son successeur, Matthias Müller, s'est excusé publiquement. Les ventes, elles, ont commencé à pâtir du gel de la commercialisation des modèles concernés au point que Volkswagen a renoncé à la couronne de premier constructeur mondial, portée par le japonais Toyota, et qu'il convoitait en 2015.

La course à la taille et les exigences techniques ont été largement pointées du doigt comme source de la pression à l'origine du scandale des moteurs truqués.

M. Müller a lancé une revue stratégique des 300 modèles fabriqués par le groupe, à la recherche d'un milliard d'euros d'économies pour 2016. Une réduction des primes est également envisagée.

Une enquête interne a montré que le "dieselgate" était dû à "un enchaînement d'erreurs" commises par le "management intermédiaire".

S'il n'a pas encore procédé à un rappel des véhicules affectés, VW travaille encore sur des solutions de remise aux normes.

En Europe, une simple mise à jour de logiciel suffira pour certains modèles, avec ajout d'une pièce de plastique pour d'autres, soit "moins d'une heure" de travail, assure le constructeur.

En revanche, Volkswagen, qui attend encore le feu vert des autorités américaines, n'a pas encore dévoilé la solution technique pour les États-Unis.

VW "continue de coopérer avec l'EPA pour trouver les remèdes nécessaires afin de se conformer le plus tôt possible à la législation", a assuré le groupe le 4 janvier.

AFP/VNA/CVN

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