L’économie de Hanoi après trente ans de Dôi Moi

Soixante et un ans se sont écoulés depuis la libération de Hanoi, le 10 octobre 1954. Depuis, l’économie municipale s’est continuellement efforcée de promouvoir, étape par étape, un développement solide et une profonde intégration à l’économie mondiale.

Depuis la fin des années 1980, après 30 années de collectivisme et de centralisme, l’État a entrepris de relancer son économie en pleine crise. Le Dôi Moi - ou Renouveau - témoigne de sa volonté d’intégrer le monde, de développer l’initiative privée et de décollectiviser les moyens de production, même si le foncier demeure sous son contrôle.

L’économie de Hanoi est aujourd’hui florissante.

Trente ans après le début du Dôi moi donc, la croissance économique de la capitale est passée de 4,48% durant le quinquennat 1986-1990 à 9,23% lors de celui de 2011-2015. Le revenu per capita a atteint 3.600 dollars, soit 1,8 fois celui de 2010. La structure de l’économie a évolué positivement, avec le secteur des services participant à 54% du PIB local, l’industrie à 41,5%, et l’agriculture à 4,5%. Par nature d’acteurs, les secteurs public à 43,6%, privé vietnamien à 38,9%, et privé d’investissement direct étranger à 16,5%. La transition vers une économie socialiste de marché s’est, et se poursuit de manière satisfaisante.

Hanoi possède des avantages attrayants pour les investisseurs : une main-d’œuvre peu coûteuse et des politiques d’occupation foncière intéressantes. Des parcs industriels, créés sur du foncier agricole, contribuent largement à la production industrielle. Par ailleurs, en août 2008, le gouvernement vietnamien a décidé d’étendre les limites administratives de la capitale, qui est, sur le plan administratif, une grande ville et ses satellites comprenant zones périurbaines et rurales afin d’assurer sa subsistance et sa sécurité.

Hanoi a ainsi absorbé la province de Hà Tây, outre quelques districts des provinces avoisinantes de Vĩnh Phúc et Hòa Bình. Cette même année, le gouvernement a aussi décidé d’encadrer son développement par un schéma directeur ambitieux pour 2030 afin que la capitale soit au niveau des grandes métropoles d’Asie. Le secteur industriel recrute de plus en plus de personnes en âge de travailler dans le delta du fleuve Rouge, notamment à Hanoi élargie. La capitale représente maintenant 40% de la production industrielle nationale et 45% du chiffre d’affaires à l’exportation du pays.

Vers la création de la CEA

La Communauté économique de l’ASEAN (CEA) verra le jour à la fin de cette année. La création et le développement de la CEA entraîneront une croissance supplémentaire du PIB national de l’ordre de 14,5%, et de l’emploi de 10,5%. Toutefois, elle posera aussi des défis à ses membres : les entreprises vietnamiennes devront faire face à de nouvelles problématiques pour elles, comme la diversification et l’augmentation des produits importés, des produits et services de meilleure qualité... En résumé, une nouvelle et plus forte concurrence qui posera inévitablement au Vietnam la question de ses moyens d’y faire face.

Hanoi possède des avantages indéniables pour les investisseurs : une main-d’œuvre peu coûteuse et des politiques d’occupation foncière intéressantes.

L’année 2015 est définitivement une année de profonde intégration à l’économie mondiale pour le Vietnam et, plus particulièrement, à l’économie régionale. L’apparition de la CEA n’est autre que celle d’un marché commun important au niveau de la région, reposant sur les trois piliers politique-sécurité, économie, culture-société. Si la CEA ouvre des opportunités, elle apportera aussi des défis pour le Vietnam, dont Hanoi. La capitale, l’un des premiers centres économiques du pays, connaîtra une même problématique alors qu’elle intensifie son industrialisation, sa modernisation et son intégration à l’économie régionale comme mondiale.

L’intégration est une tendance générale et inévitable dans le monde aujourd’hui qui apporte biens, services, capitaux et technologies pour une implication plus profonde à la chaîne de valeur mondiale. Mais pour réussir cette double intégration régionale et mondiale, le Vietnam doit d’abord pallier ses faiblesses comme, entre autres, un droit incomplet ou trop complexe sur certains points, des infrastructures insuffisamment développées et peu modernes, un investissement direct étranger modeste dans certains secteurs tels que les hautes technologies, les politiques de soutien des entreprises vietnamiennes - notamment les PME - peu effectives. Par ailleurs, le principe de libre circulation des biens et du personnel qualifié au sein de l’ASEAN, avec tous les risques d’augmentation des litiges qu’il comprend, posera des problèmes majeurs.

Production agricole marchande

En 2008, le Vietnam a commencé à se préparer avec l’institution d’un Comité de pilotage de l’adhésion à la Communauté de l’ASEAN dirigé par un vice-Premier ministre, par la suite devenu le Comité national de l’adhésion à la Communauté de l’ASEAN. Le Vietnam a élaboré un plan global en la matière dont le contenu est issu de la feuille de route de création de la communauté, et qui a été réactualisé tous les deux ans.

À noter que 91% de ses mesures ont d’ores et déjà été mises en œuvre, contre une moyenne de 81,7% au sein de l’ASEAN, se plaçant au même niveau que Singapour, pays le plus développé de tous les membres de l’association régionale. En outre, les ministères de l’Industrie et du Commerce, des Affaires étrangères, du Plan et de l’Investissement communiquent sur la CEA auprès de la communauté des entreprises.

La zone floricole de Tây Tuu, Hanoi.

L’extension des limites administratives de la capitale en 2008 s’est avérée être une véritable recomposition territoriale génératrice de nouvelles dynamiques métropolitaines sur le plan économique comme démographique et spatial. Désormais, le secteur municipal de l’agriculture gère plus de 188.600 ha de terres agricoles représentant 56,7% de la superficie totale de Hanoi, tandis que sa démographie relève majoritairement d’un secteur agricole marqué cependant par une faible contribution à l’économie municipale.

Dès que le programme national cible d’édification d’une nouvelle ruralité pour la période 2010-2020 a été transposé au niveau local, Hanoi a commencé à investir dans la création de zones de pointe au sens de grandes zones de production agricole en vue de créer une agriculture pleinement marchande. De nombreuses zones spécialisées ont été instituées comme la ferme de vaches laitières de Ba Vi, la zone floricole de Tây Tuu, celles de Dong Anh, Thuong Tin et Dan Phuong, la riziculture de haute qualité de Duyên Hà et Tiên Lê, le maraîchage biologique de Dông Anh, Tu Liêm, Soc Son et Son Tây, d’élevage de bétail de volailles et de fruiticulture.

Hanoi est devenue célèbre pour plusieurs de ses produits agricoles comme le lait de Ba Vi, les oranges Canh, les pamplemousses Diên et les légumes de Tiên Lê qui sont appréciés dans tout le pays, mais aussi à l’étranger, notamment dans l’ASEAN, en Chine, au Japon et en République de Corée. La valeur de la production agricole par hectare a atteint 231 millions de dôngs, soit 1,24 fois plus qu’en 2010, son revenu per capita en zones périurbaines et rurales a doublé par rapport à 2011avec 33 millions de dôngs. Et selon les estimations, à la fin de 2015, la capitale verra 166 de ses 386 communes satisfaire aux 19 normes de la Nouvelle ruralité, soit 43%, contre une moyenne nationale de 20%.

Texte et photos : Thê Linh/CVN

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