Le TGV d'essais qui a déraillé en Alsace a freiné trop tard, selon la SNCF

Des "facteurs organisationnels et humains" sont à l'origine du déraillement mortel le 14 novembre d'un TGV d'essais en Alsace, le train n'ayant pas freiné assez tôt alors qu'il roulait à 243 km/h lors du choc, selon les premières conclusions de la SNCF.

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"L'origine immédiate de l'accident est un freinage tardif", celui-ci "aurait dû être (exercé) au moins un kilomètre plus tôt", a déclaré le président de la SNCF, Guillaume Pepy, en conférence de presse, avec le président de SNCF Réseau, Jacques Rapoport.

La rame d'essais, avant de dérailler, est entrée à 265 km/h au lieu de 176 km/h sur la portion de raccordement entre la ligne à grande vitesse et la ligne classique. Elle a ensuite percuté un pont, puis chuté de la ligne ferroviaire.

Parmi les 53 personnes qui se trouvaient à bord, 11 sont décédées, dont le directeur de la ligne et le directeur des essais.

Les secours travaillent le 15 novembre sur la scène de l'accident du TGV qui a basculé dans un canal à Eckwersheim en Alsace.

Pour le parquet de Strasbourg, qui s'est dessaisi le 19 novembre au profit du parquet de Paris, la "vitesse inadaptée pourrait être la conséquence d'un freinage tardif", mais, a ajouté le procureur de la République adjoint, Alexandre Chevrier, "en l'état des investigations il n'existe aucune certitude sur ce point".

"À ce jour, rien ne permet d'étayer une hypothèse d'acte volontaire et/ou de malveillance (...). Toutefois des expertises seront menées pour permettre de l'écarter définitivement", a ajouté Frédérique Porterie, procureure adjointe au parquet de Paris, en charge du pôle "Accidents collectifs", dont des juges d'instruction seront désignés pour diriger l'information judiciaire qui doit être ouverte "prochainement".

Ce TGV d'essais effectuait le tout dernier test sur le second tronçon de la LGV Est, qui devait ouvrir en avril mais dont la mise en service sera sans doute repoussée.

Toutefois, a tenté de rassurer M. Pepy, "cet accident ne peut pas arriver" avec un TGV commercial, car sur un train d'essais, "on débranche les sécurités". Ainsi, "à l'endroit où le train n'a pas freiné, il y aurait eu un mécanisme d'arrêt automatique du train".

Procédures disciplinaires

Il s'agit du deuxième accident de train mortel en France en moins de deux ans et demi. À l'origine du déraillement de Brétigny-sur-Orge, qui avait fait sept morts en juillet 2013, des défaillances dans des processus de maintenance. Dans celui du TGV, aucune défaillance technique n'a pour l'heure été relevée.

"Cet accident n'aurait jamais dû arriver", a déploré M. Pepy, craignant que "ce qui a été vu sur le facteur organisationnel (...) concerne d'autres endroits de l'entreprise".

Les dirigeants de la SNCF ont annoncé "des procédures disciplinaires" qui "conduiront, dès que l'enquête le permettra, aux sanctions justifiées", et dans un premier temps, "au vu de la gravité exceptionnelle et du bilan humain très lourd, (à) des suspensions conservatoires (...), après audition des intéressés et de leur chaîne managériale".

L'enquête de la SNCF va chercher l'origine de ce freinage tardif et éclaircir, selon les dirigeants du groupe, "la présence imprudente d'enfants à bord et de sept personnes en cabine de conduite, un certain manque de rigueur dans la préparation de la liste des personnes" embarquées, mais aussi, "sans doute (...) des erreurs de comportements humains".

Cinq adolescents se trouvaient à bord du train et figurent parmi les blessés. Aucun ne se trouvait auprès du conducteur.

Selon un représentant de l'Unsa interrogé par l'AFP, "trois personnes auraient normalement dû se trouver en cabine : le conducteur, un cadre traction indiquant les paliers de vitesse et le chef de projet". À la vitesse où roulait le train, un retard d'1 km "correspond à 12 à 15 secondes d'inattention", selon lui.

L'Unsa se portera partie civile, tout comme la CGT-Cheminots.

Dans un communiqué, le syndicat a dénoncé une communicative "hâtive" de la direction et jugé "nécessaire de connaître un certain nombre de paramètres complémentaires avant de tirer toutes conclusions".

"Il n'est pas admissible (...) de porter la suspicion sur les cheminots", indique la CGT en réclamant que l'enquête soit "approfondie afin de n'écarter aucune hypothèse qui concerne une défaillance du matériel, infrastructurelle ou organisationnelle".

Les essais sur LGV sont gelés jusqu'aux résultats de l'enquête et l'ensemble des procédures d'essais sur ligne à grande vitesse seront remis à plat.

Le Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) a également ouvert une enquête.

AFP/VNA/CVN

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