Allemagne
Le festival de Bayreuth s'ouvrira sous haute sécurité

Le célèbre festival d'opéra de Bayreuth, dédié à l’œuvre de Richard Wagner, s'ouvre le 25 juillet dans un contexte sécuritaire tendu en Allemagne, au grand dam de certains artistes qui déplorent une ambiance délétère.

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Préparatifs de la mythique "Colline Verte" le 25 juillet 2015 à Bayreuth.
Photo : AFP/VNA/CVN

Pour sa 105e édition, le rendez-vous estival traditionnel du gratin politico-économique allemand débute une semaine jour pour jour après la première attaque revendiquée par le groupe État islamique sur le sol allemand. L'attentat, commis par un jeune demandeur d'asile à Wurzbourg (Sud), à 150 km de Bayreuth, a conduit les autorités et les organisateurs à redoubler de vigilance.

Et l'attaque survenue le 22 juillet à Munich, à 260 km de Bayreuth, où un Germano-Iranien de 18 ans a abattu neuf personnes avant de se suicider, ne peut que les conforter dans leur détermination. La mythique "Colline Verte", l'endroit où Wagner fit construire sa maison d'opéra, fait l'objet de mesures de sécurité draconiennes depuis le début des répétitions en juin.

Sacs et coussins interdits dans la salle et dans les vestiaires, festivaliers obligés d'avoir sur eux en permanence une pièce d'identité avec photo... Autant de nouvelles contraintes auxquelles les aficionados wagnériens vont devoir se plier. En cause : la dernière production de "Parsifal", programmée en ouverture le 25 juillet et que d'aucuns annoncent sulfureuse.

Personne ne l'a encore vue mais, selon des rumeurs distillées dans les médias - et formellement démenties par le metteur en scène, l'Allemand Uwe Eric Laufenberg -, elle pourrait être perçue comme une critique de l'islam. Sur scène, les "Filles Fleurs", qui dans l'épopée médiévale séduisent pour les perdre les chevaliers du Graal, seraient même vêtues de burqas.

Cette soirée d'ouverture est traditionnellement courue par les élites allemandes, la chancelière Angela Merkel en tête. En raison officiellement d'un calendrier trop chargé, Merkel ne sera toutefois pas présente cette année à Bayreuth où, jusqu'au 28 août, une trentaine de spectacles issus du répertoire wagnérien sont prévus, tels "Tristan et Iseult", "Le Vaisseau fantôme" ou "Le Crépuscule des Dieux".

Christian Thielemann le 25 février 2014 à Dresde.
Photo : AFP/VNA/CVN

''Absurdes" et "idiotes''

Pour certains initiés, la sécurité accrue contribuerait à dégrader l'atmosphère du Festspielhaus, le palais des festivals édifié selon les vœux de Richard Wagner (1813-1883). Quelques-uns, fins connaisseurs des arcanes wagnériens, suggèrent même que ces mesures seraient à l'origine du départ du chef d'orchestre Andris Nelsons : fin juin, le Letton, qui devait diriger "Parsifal" en ouverture du festival, a claqué la porte.

Quant au ténor allemand Klaus Florian Vogt, qui tient le rôle-titre, il a été interrogé par les agents de sécurité lors des répétitions au motif... qu'il portait un treillis militaire, pourtant un élément de son costume.

Nelsons, dont la timidité et la sensibilité sont proverbiales, s'est même fendu d'un communiqué pour se plaindre d'une atmosphère délétère, tandis que Laufenberg s'agaçait de mesures "totalement idiotes" et "absurdes".

Mais Bayreuth est aussi connu pour les querelles intestines entre descendants du compositeur allemand, qui ont la mainmise sur le festival, ou bien entre interprètes. Ainsi, il se murmure que le départ de Nelsons, qui s'apprête à prendre la direction de l'Orchestre du Gewandhaus de Leipzig (Est) en plus de celle de l'Orchestre symphonique de Boston, serait aussi dû aux immixtions répétées du directeur musical du festival, le chef d'orchestre allemand Christian Thielemann.

L'an passé, Thielemann avait déjà été soupçonné d'avoir évincé une chanteuse en raison de sa trop grande proximité avec le Russe Kirill Petrenko, grand rival de l'Allemand à qui il a soufflé l'an passé le poste convoité de directeur du Philharmonique de Berlin.

La paisible cité bavaroise bruisse également de mille bruits quant à la genèse du nouveau "Parsifal". À l'origine, c'est Jonathan Meese qui devait monter l'opéra. Mais l'enfant terrible de l'art contemporain allemand, novice en matière d'opéra, avait été évincé pour cause de dépassements de coûts.

Rodé à ce genre d'exercice, Laufenberg a été parachuté à Bayreuth pour le remplacer.


AFP/VNA/CVN

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