Ethnie Dao : très chère robe de mariée...

Chez les Dao, une ethnie minoritaire vivant dans le Nord du Vietnam, la robe de mariée est ornée de nombreux bijoux en argent. Tradition oblige. Elle peut coûter jusqu’à la moitié des biens de la famille. Une particularité culturelle propre à cette communauté de 700.000 personnes.

 

Un mariage Dao. Photo : CTV/CVN


Comme toutes les robes de mariées au monde, celle des Dao est complétée de multiples accessoires symboliques qui donnent à l’habit son charme et sa valeur. Ainsi, lorsque les occidentaux portent le chapeau ou le voile, les Dao attachent une grande importance aux bijoux en argent, qu’ils soient fixés au col de la tenue traditionnelle, sur le foulard ou autour du cou.
Mariage Dao
Sous la pluie battante, le chemin qui mène au village de Khe Lep, dans la province montagneuse de Yên Bai (Nord-Ouest), est sinueux et particulièrement boueux. Ce qui n’empêchera pas Bàn Thi Luu, une jeune Dao, de célébrer son mariage. Le cortège traverse un petit ruisseau. Les visages rayonnent, ce qui contraste avec l’ambiance sombre du paysage. Les enfants, pieds nus et tout de neuf vêtus, gambadent joyeusement. Les jeunes hommes, quant à eux, bavardent et profitent de cet évènement pour chercher leur promise.

Une tenue de mariage traditionnelle, abondamment ornée de bijoux en argent. Photo : CTV/CVN

La mariée s’est apprêtée comme il se doit. Elle porte une robe traditionnelle de couleur rouge brodée à la main, ainsi que cinq grands colliers miroitants en argent et des dizaines de sautoirs attachés au col. Ces derniers sont constitués de pièces de monnaie en argent datant de l’époque coloniale et de divers petits écus de métal. Un apparat qui fait jaser les convives qui lancent les paris sur le prix de la tenue. «Elle coûte au moins 80 millions de dôngs», lance l’un des invités. Une somme qui paraît exorbitante pour une simple robe de mariée, en particulier dans une région peu aisée.

S’adapter au marché en dépit des traditions

Pourtant, d’après les anciens du village, il y a 20 ans, cet ornement extraordinaire était bien plus imposant qu’aujourd’hui.
En effet, s’ils désiraient respecter la tradition à la lettre, «les parents devaient faire appel à un orfèvre de choix qui devait accessoiriser la robe avec finesse, élégance et créativité», indique Triêu Van Sinh, un vieil habitant de Khe Lep.
Cependant, il ne reste plus qu’un orfèvre capable de satisfaire aux demandes des familles de la région, Trân Anh Vu. Il nous explique qu’en raison de la rareté de l’argent pur, la robe de mariée Dao est aujourd’hui beaucoup moins garnie. «Ce qui ne l’empêche pas d’être toujours très onéreuse, 75-80 millions de dôngs minimum pour l’ensemble», estime-t-il. Ainsi, selon lui, cent grammes d’argent à 60% de pureté coûtent environ 1,4 million de dôngs, alors qu’un collier pèse jusqu’à 3,5 kg. La même quantité, mais à 90% de pureté revient à deux millions de dôngs.
L’ouverture à la location
D’après l’artisan, la valeur de la tenue est également estimée en fonction des techniques de fabrication utilisées et la minutie avec laquelle elle a été réalisée. «La conception d’une robe peut durer des mois. Car la plupart des bijoux sont faits main, de même que les accessoires et les foulards», remarque-t-il.

Lors des préparatifs, la mère de la mariée est chargée d’acheter de l’argent au marché et de trouver un bon artisan. Photo : CTV/CVN

Parlant des exigences de ce vêtement traditionnel, Khuê A Lênh, habitant du village de Khe Lep, souligne qu’il est, par ailleurs, obligatoire pour la mariée de porter trois couleurs que sont le rouge, le vert et le blanc. D’après lui, dans la culture Dao, le rouge rappelle la couleur de l’aube et le désir de s’orienter vers le soleil. Le vert représente la forêt et la nature, auxquelles les Dao sont très attachés. Enfin, le blanc traduit la fidélité et l’innocence de la future épouse.
Depuis quelques années, en raison de la rareté de l’argent et de son coût élevé, les familles pauvres louent les bijoux. Ces services se développent de plus en plus. En dépit de leurs moyens parfois restreints, c’est ainsi que les Dao continuent de préserver leur coutume. On ne déroge pas avec la tradition.

Linh Thao/CVN


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