Des artistes francophones en Limousin et à Londres

Plusieurs artistes en provenance de divers pays francophones du Sud sont programmés au festival Francophonie en Limousin (Limoges, France, 23 septembre-2 octobre) et au Dance Umbrella de Londres (Grande-Bretagne, 6-30 octobre) avec le soutien de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Les compagnies Ea Sola du Vietnam, Salia ni Seydou du Burkina-Faso, le théâtre Blonda du Mali, le rappeur Pasnas ou encore le groupe Nsumuenu et Diba danse de la République démocratique du Congo seront présents sur la scène du 27e festival Francophonie en Limousin grâce au soutien apporté par l'OIF, qui assure également la participation du chorégraphe congolais Faustin Linyekula et son "Studio Kabako" au festival Dance Umbrella (Londres, Grande-Bretagne, 6-30 octobre 2010), avec sa nouvelle création "More More More…Future".

Chaque année, une soixantaine de festivals accueillent les spectacles et productions de pays francophones du Sud et une trentaine de tournées sont soutenues à travers le fond d'aide à la circulation des artistes du Sud.

Le corps blanc, oeuvre d'Ea Sola

Une représentante du Vietnam, Ea Sola , chorégraphe Viêt kiêu , va présenter sur la scène du 27e festival Francophonie en Limousin, l'oeuvre Le Corps blanc, conçue d'après Le Discours de la servitude volontaire d'Étienne de La Boétie.

Ea Sola a découvert le texte de La Boétie à son arrivée en France, en 1978, et n'a cessé depuis de s'y ressourcer, y trouvant une limpidité et une acuité singulière pour décrypter nos sociétés actuelles. Que ce soit en Europe, en Asie, aux États-Unis, elle ne voit que des individus épuisés, travaillant sans discontinuer, un "corps d'industrie qui se soulage dans le divertissement". La "liberté" dont semble bénéficier l'individu, liberté de consommer, liberté de se divertir, liberté de croire, n'est finalement qu'une nouvelle servitude, une domination qui n'a pas de nom.

"L'idée principale de La Boétie est que la tyrannie n'a pas d'autre pouvoir que celui que ses victimes veulent bien lui céder. Comment entendre aujourd'hui, comment comprendre, 500 ans plus tard, les mots du philosophe ? À l'heure du marché mondialisé, de l'univers marchand, le tyran aurait-il un autre visage ? Ou serait-il plutôt sans visage ? Un système doux, suave, insidieux, qui tend du sucre, qui pousse à consommer, auquel nous cédons, ivres de cette recherche de l'avoir. Et la personne disparaît. Elle laisse place au consommateur, noyé dans la masse des consommateurs. Anonyme parmi les anonymes. Est-ce là vivre ?", dit Ea Sola.

La scène, coupée par un grand rideau translucide, laisse apparaître des personnages qui s'agitent, des taches de couleurs en mouvement. Les danseurs, qui arrivent parfois à s'échapper de derrière le rideau, atteignent alors le devant de la scène, et s'y exhibent, brandissant d'étranges fétiches, comme une cannette de soda ou un paquet de cigarettes. Leur gestuelle frénétique va crescendo, une musique industrielle vient couvrir la voix du récitant, pourtant enfin le rideau se déchire, un message s'inscrit en fond de scène dans toutes les langues : "Et pourtant ce tyran, seul, il n'est pas besoin de le combattre, ni même de s'en défendre ; il est défait de lui-même, pourvu que le pays ne consente point à la servitude, à ne lui rien donner". (Étienne de La Boétie)

Autodidacte, Ea Sola vient par hasard à la danse et à la chorégraphie. Elle étudie le répertoire du théâtre classique français de 1980 à 1990. En 1989, elle retourne au Vietnam après 15 ans d'absence. Ea Sola entreprend alors des recherches sur les danses anciennes et les musiques traditionnelles du Vietnam, ainsi qu'un travail de réflexion sur la mémoire de la guerre, d'un point de vue collectif et individuel, travail d'où naît sa première chorégraphie, Sécheresse et pluie, interprétée par quatorze paysannes vietnamiennes âgées de 50 à 76 ans.

Ea Sola a créé plusieurs chorégraphies : Il a été une fois (1997), La Rizière des musiques (1998), Voilà Voilà (1999), Requiem (2000). Elle revient en 2005 au thème de la mémoire de la guerre et crée Sécheresse et Pluie Vol.2, avec les danseurs de l'Opéra Ballet de Hanoi. Après un travail élaboré auprès des universités américaines, et des tournées aux États-Unis avec les danseurs de l'Opéra Ballet, Ea Sola crée en novembre 2008 Air Lines, et en février 2009 Le Corps blanc, au Hong Kong Arts Festival.

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