FIFA
Corruption : Blatter dans l'œil du cyclone

Attaques frontales de dirigeants footballistiques et politiques européens, critiques acerbes dans la presse et objet de tensions russo-américaines : Joseph Blatter est au centre d'une énorme tempête internationale jeudi 28 mai à la veille de l'élection où il briguera un cinquième mandat de président de la FIFA.

>>Double séisme à deux jours de la présidentielle

Des voix s'élèvent de toutes parts contre le Suisse (79 ans), après la révélation-déflagration mercredi 27 mai de deux procédures judiciaires concernant la FIFA ouvertes par les justices américaine et suisse, pour corruption présumée à grande échelle, avec arrestations à Zurich de sept élus de la FIFA et perquisitions de son siège.

Platini appelle à la démission

Michel Platini, président de l'UEFA qui avait renoncé l'été dernier à se présenter face à M. Blatter, lui a demandé de se retirer : "Je lui ai demandé de démissionner, assez c'est assez; "Sepp" Blatter m'a écouté, mais il m'a dit +c'est trop tard+".

Le président de la FIFA, Sepp Batter, lors de l'ouverture du 65e Congrès de l'instance à Zurich, le 28 mai.

"Changer de président est la seule façon de changer la FIFA", a martelé le patron du foot européen, qui s'est dit "dépité, écœuré".

Sa confédération avait demandé mercredi 27 mai le report du Congrès (cérémonie d'ouverture jeudi soir 28 mai, travaux et élection présidentielle vendredi 29 mai), craignant qu'il ne tourne à la "farce"; en vain. Un report ne peut être acté que par au moins deux tiers des 209 fédérations.

L'UEFA n'a pas souhaité boycotter le congrès en raison notamment du différend entre Israël et Palestine. Quelque peu éclipsé par la tourmente judiciaire, cela reste un sujet brûlant : Israël, membre de l'UEFA, a besoin de son soutien afin d'éviter l'exclusion demandée par la Palestine via une résolution qui pourrait être mise au vote lors du congrès.

Chances accrues pour le Prince Ali ?

Le Congrès et l'élection présidentielle sont toujours prévus vendredi 29 mai. La tempête déclenchée mercredi 27 mai pourrait profiter au prince jordanien Ali bin Hussein (39 ans), seul candidat face à M. Blatter.

"Avant les évènements de cette semaine, peut-être pas, mais maintenant avec ce qui s'est passé, je pense que Blatter peut être battu", a souligné Michel Platini, sachant déjà qu'une "très grande majorité des fédérations européennes va voter Ali".

À noter aussi le soutien apporté au Prince Ali par l'Australie, membre de la Confédération asiatique (AFC).

Une autre confédération s'est également prononcée, mais de manière opposée: la CAF (Afrique) a "réitéré son soutien" à M. Blatter en l'expliquant par le "train de mesures impulsées à la FIFA depuis quelques années pour l'amélioration de la gouvernance".

M. Blatter, s'il s'est fait excuser au congrès médical de la FIFA, a en revanche rencontré les présidents ou représentants des six confédérations continentales dans la matinée.

La base de l'élection est simple : une voix pour chacune des 209 fédérations. L'UEFA compte 54 membres mais ne dispose que de 53 voix, Gibraltar n'étant pas reconnu par la FIFA.

Le président de l'UEFA, Michel Platini, à son arrivée au siège de fédération le 28 mai à Zurich.

L'Afrique possède 54 voix, l'Asie 46, la Concacaf (Amérique du Nord, centrale et Caraïbes) 35, l'Océanie 11 et l'Amérique du Sud 10.

Tensions diplomatiques

Le scandale a également suscité des réactions politiques depuis que la ministre américaine de la Justice, Loretta Lynch, a elle-même pris la tête de l'offensive anti-corruption.

De quoi raviver un climat de guerre froide autour du ballon rond : jeudi 28 mai, Vladimir Poutine, dont le pays doit accueillir le prochain Mondial en 2018, a accusé les États-Unis de vouloir "empêcher la réélection" de Sepp Blatter.

"Il s'agit d'une violation très grossière des règles de fonctionnement des organisations internationales", a fustigé le président russe à la télévision nationale, reprochant à Washington d'"imposer sa juridiction aux autres" dans une affaire où "aucun des fonctionnaires (de la FIFA) n'est américain" et où "aucun fait ne s'est produit aux États-Unis".

L'Afrique du Sud, elle, a rejeté jeudi 28 mai les accusations de corruption pour l'attribution du Mondial-2010, assurant que le pays avait "reçu un audit impeccable".

D'autres dirigeants politiques ont réagi au scandale. Le Premier ministre britannique David Cameron a appuyé la Fédération anglaise (FA), "qui soutient la candidature du prince Ali. On désire voir des réformes à la FIFA".

La France a demandé le report de l'élection, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, sur France Inter. François Hollande a pour sa part insisté sur la nécessité pour les organisations sportives d'être "incontestables".

AFP/VNA/CVN

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