Comment les étrangers préparent Noël à Hanoi ?

Des cadeaux pas toujours au goût de l’intéressé, des repas plus que généreux, Noël approche à grand pas. Mais pour les expatriés de Hanoi, la fête prend un autre sens. Qu’on vienne d’Europe, d’Afrique ou d’Océanie, il faudra la repenser pour la vivre comme à la maison.

La famille suisse de Pascal et Fanny a créé une crèche provençale et vietnamienne, qu’elle a installée dans sa cuisine.

Il y aurait environ 6.000 expatriés à Hanoi, dont 1.500 Français. Autant de personnes qui, pour la plupart, ont l’habitude de passer Noël en famille, un moment incontournable de l’année pour se réunir. Pour ceux qui vivent dans la capitale avec conjoint et enfants, la tâche se révèle bien plus facile que pour ceux qui habitent seuls, loin des leurs. En général, ces derniers opteront pour un dîner entre amis.

Janis a 27 ans. Elle habite en colocation avec quatre français. Tous ont entre 25 et 30 ans. «On va le fêter ensemble et on va essayer de trouver des produits de chez nous. Et on aimerait pourquoi pas trouver une soirée pas trop cher avec d’autres jeunes. Mais pour moi Noël ici, c’est moins important que si j’étais en France. Pour une fois, si je ne le fête pas comme d’habitude, ce n’est pas grave», explique t-elle.

Pour Laura, Allemande, et Floris et Ivo, Hollandais, colocataires aussi, les projets sont sensiblement les mêmes : «On va le fêter le 24 au soir car le 25 je vais travailler. On est tous les trois pour l’instant, mais les gens qui sont seuls ce soir-là peuvent se joindre à nous avec grand plaisir ! Pour la nourriture, on fera en fonction de ce qu’on trouve, car on ne connaît pas encore très bien la ville. Finalement, on oublie un peu que c’est Noël ici, il ne fait pas très froid, il y a peu de décorations et il n’y a pas de marché de Noël. Mais on a déjà fait notre sapin, même s’il est en plastique !», commente Laura, en stage professionnel pendant six mois dans la capitale.

Un contexte bien singulier

Et oui, car si faire Noël à Hanoi, c’est différent, c’est aussi parce que l’environnement est différent. Car Noël, c’est aussi une ambiance. Même si, à la manière d’Halloween en France, le business gagne des Vietnamiens de plus en plus férus de Noël, et des rues chaque année davantage décorées.

Alex, anglais, habite à Hanoi depuis trois ans. "Être loin de ma famille est vraiment le plus dur. Elle me manque chaque année au 25 décembre. Et puis Noël sans neige ce n’est pas pareil. Mais en Angleterre, tout le monde devient fou quelques semaines avant, parce qu’on doit trouver les bons cadeaux, faire un super repas. Ici à Hanoi, c’est plus calme. C’est une bonne chose", confie-t-il. Et d'ajouter : "Cette année, nous allons le faire avec d’autres expatriés, cuisiner ensemble, boire un peu, et manger quelques plats traditionnels de nos pays respectifs".

Même si les mets typiques ne sont pas toujours faciles à trouver, tout comme les sapins. «Il est compliqué de trouver un bel arbre de Noël ici. Mais j’ai réussi à en trouver un naturel, au marché Buoi, spécialisé dans les plantes et les fleurs», indique Bernadette, d’origine rwandaise, qui vit à Hanoi depuis quelques mois et pour deux ans avec son mari, Allemand, et leur fils de huit ans. Et avec un peu de talent, elle a réussi à faire oublier qu’il n’avait qu’une dizaine de branches ! Et pour la nourriture idem : «On boit du vin chaud, et on mange du saumon, du foie gras et de la bûche au 24. Pour le 25, je ferai une dinde. J’ai déjà tout repéré dans mon quartier de Tây Hô, et chez le grossiste Métro, à la sortie de la ville». Le fils aîné de Bernadette est étudiant à l’Université de Reims, il fera le voyage pour partager avec eux ce moment familial rare.

Bernadette fignole son sapin de Noël naturel, trouvé au marché Buoi dans le quartier Tây Hô.

Des catholiques pratiquants en émoi

D’autres en revanche s’inspirent du Vietnam pour adapter leur Noël. Comme cette famille suisse et ses trois enfants. «Nous sommes catholiques pratiquants et cette fête est très importante pour nous. Nous avons fabriqué des couronnes de lavande, et une crèche provençale transposée à la culture locale, avec des moines franciscains et bouddhistes, et une baie de Ha Long miniature, que nous avons créée avec de vraies pierres que nous avons prises là bas. Toute l’année, on a chiné pour trouver des figurines», expliquent Fanny et Pascal, qui iront à la messe de 18h en français à la cathédrale St Joseph du centre-ville. Pour le repas, ils ont invité deux autres familles expatriées : «On va essayer de faire les 13 desserts provençaux aussi».

Enfin, il y a ceux qui rentrerons chez eux pour Noël, car le temps et l’argent le leur permet. C’est le cas de Mark, volontaire australien : «Je voulais être avec ma famille et ma petite amie. Nous ne sommes pas religieux, mais pour nous Noël, c’est le moment où on se retrouve ensemble pour manger, boire et être heureux ! Et comme il fera chaud, nous ferons probablement un pique-nique sur la plage, ou un barbecue dans le jardin, avec des fruits de mer ou de l’agneau, et du bon vin australien. Généralement, on n’achète pas de cadeaux, mais on organise chaque année une Secret Santa, une tradition anglo-saxonne qui consiste à offrir des cadeaux anonymes».

Et pour ceux qui sont en panne d’inspiration, les étudiants peuvent se rendre à la soirée du 27, organisée par l’Institut de la Francophonie pour l’informatique, au café Gecko près de l’Institut polytechnique de Hanoi, qui fait une soirée musique le 22, ou encore à l’Espace français, le 26, pour écouter un peu de classique et de baroque.

Texte et photos : Éloïse Levesque/CVN

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