Apprendre à nager pour éviter le pire

Bien plus qu’une simple activité sportive, la natation scolaire a avant tout pour but de prévenir les accidents de noyade, l’une des premières causes de mortalité chez les enfants au Vietnam. Cependant, faute de moyens financiers, les cours de piscine à l’école restent confidentiels.

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Apprendre à nager est vital.

C’est une véritable hécatombe, sournoise, silencieuse... Chaque jour en moyenne sur le territoire, neuf enfants meurent de noyade, selon les dernières statistiques communiquées par le Département de la protection et des soins des enfants (DPSA) relevant du ministère du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales.

Le mois de mai a été particulièrement macabre. Les autorités provinciales de Khanh Hoà (Centre) ont annoncé la noyade de quatre collégiennes de 13 ans, le 4 mai. Dans la province de Vinh Long (Sud), trois écoliers de 6 ans sont morts ainsi dans un petit canal hydraulique le 6 mai. Puis, dans la province de Quang Ngai (Centre), neuf collégiens de 12 ans ont perdu la vie en plongeant dans une rivière, le 15 mai. Enfin, trois lycéens de 17 ans sont morts lors d’une baignade en mer dans la province de Nam Dinh (Nord). Des chiffres qui font froid dans le dos et ont mis en émoi la société.

«Chaque été, libérés de l’école, les enfants - notamment ceux vivant dans les régions rurales et littorales - vont se baigner à la mer, dans les étangs et les cours d’eau pour passer de bons moments entre copains. Voilà pourquoi le taux de noyade est plus élevé dans ces régions qu’en ville», explique un expert du DPSA. Ce ne sont pas les baignades qui sont pointées du doigt, mais le fait que les enfants ne savent pas nager, ou mal, et ce même s’ils vivent au bord de l’eau. Un récent sondage du DPSA montre que seuls 35% des enfants dans le delta du Mékong et 10% dans le delta du fleuve Rouge savent nager. Et encore, ces chiffres restent très élevés comparés à ceux des régions montagneuses... «L’on comprend mieux, dès lors, pourquoi il y a tant de noyades au Vietnam», souligne Dang Hoa Nam, directeur du DPSA.

Manque de moyens

Si dans les pays développés, apprendre à nager à tous les élèves est une priorité nationale, inscrite dans le socle commun des connaissances et des compétences, au Vietnam, ce n’est pas le cas. La raison : le manque de moyens financiers pour introduire la natation scolaire comme discipline officielle dans le programme pédagogique.

Il y a six ans, le ministère de l’Éducation et de la Formation (MEF) a pourtant soumis au gouvernement le projet d’enseignement de la natation à l’école. «Ce projet est mort-né en raison du manque de fonds pour sa réalisation notamment. Les coûts de construction et d’entretien des bassins dans les écoles sont un défi majeur», admet Duong Van Ba, directeur adjoint du Département des activités d’étudiantes et d’élèves du MEF. Le ministère a cherché une alternative : mobiliser la participation des acteurs privés pour investir dans la construction de mini-piscines d’une valeur unitaire de 700-800 millions dans les écoles. En vain. «Les écoles publiques équipées aujourd’hui de piscines de ce type se comptent sur les doigts de la main. Très peu d’acteurs privés s’intéressent à cette initiative», déplore M. Ba.

L’affaire de tous

En attendant que la natation figure au programme scolaire, bon nombre de parents inscrivent leurs enfants à des cours privés.

La vice-ministre du Travail, des Invalides de guerre et des Affaires sociales Dào Hông Lan, reconnaît volontiers les difficultés à trouver des sources de financement pour équiper de bassins les établissements scolaires. Mais, selon elle, ce n’est pas une fatalité. «Faut-il attendre que toutes les écoles aient suffisamment de moyens pour construire des piscines modernes afin que les élèves puissent apprendre à nager ? Je ne crois pas. Personnellement, je pense que cela peut se faire de manière flexible, avec par exemple l’installation de bassins provisoires au service des cours estivaux dans les écoles. C’est une alternative crédible, puisqu’à moindres frais».

Autre solution envisageable, une nouvelle fois à moindre coût, celle mentionnée dans la directive N°17 du gouvernement adressée aux villes et provinces sur le renforcement des activités de prévention des noyades chez les enfants, dans laquelle il est demandé aux villes et provinces d’étudier la possibilité d’une coopération tripartite : écoles-autorités-piscines pour proposer aux élèves des cours dans les piscines existantes. Et Mme Lan de préciser : «En outre, les localités devront trouver des sources de financement pour payer partiellement les cours d’apprentissage, notamment dans les régions littorales». Une chose est sûre : il est grand temps d’agir. Un pays qui se veut moderne ne peut tolérer que tant de vies soient perdues inutilement.

Linh Thao/CVN

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