Afghanistan : un ex-chef de guerre appelle les talibans à la paix

L'ex-chef de guerre afghan Gulbuddin Hekmatyar, en exil depuis plus de 20 ans, est réapparu pour la première fois en public devant ses partisans samedi 29 avril pour appeler les talibans à cesser le combat et rejeter la violence.

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M. Hekmatyar qui s'exprimait dans la capitale provinciale de Laghman, à l'Est de Kaboul, a signé en septembre un accord de paix avec le gouvernement lui garantissant un retour sécurisé au pays et l'amnistie pour lui et les siens. "Rejoignez-nous et cessez cette guerre dont les premières victimes sont les Afghans et leurs maisons que vous détruisez !", a-t-il lancé, la barbe blanche fournie et coiffé de son traditionnel turban noir, en leur promettant d'être "à leurs côtés".

Acclamé par la foule aux cris de "Allah Akhbar ! Dieu est le plus grand !" il a dénoncé le massacre de plus de 135 jeunes soldats, notamment dans une mosquée, lors d'une attaque talibane la semaine dernière dans le Nord : "Nous ne pouvons tolérer des attaques contre des hommes en prière, qu'on leur tire dessus".

Le chef du Hezb-i-Islami (Parti de l'islam), vétéran du jihad antisoviétique âgé de 67 ans, a également mis en garde les "forces étrangères (qui) ne peuvent gagner cette guerre", alors qu'un détachement de 300 Marines américains commence à arriver dans le Sud pour renforcer l'Opération Resolute Support de l'Otan. "Laissez-nous une chance de trouver une solution pour notre pays et de résoudre nos problèmes, soutenez-nous en ce sens".

L'ex-chef de guerre afghan Gulbuddin Hekmatyar à l'est de Kaboul le 29 avril 2017.

La présidence a salué le retour de M. Hekmatyar, "qui montre que les Afghans savent résoudre leurs problèmes par la négociation". "Le retour du chef du Hezb-i-Islami aura un impact considérable sur la paix et la sécurité, le progrès et le développement". Mais M. Hekmatyar n'a pu s'empêcher de critiquer ces "médias qui diffusent de la musique, des danses et des séries alors que chaque jour des centaines d'Afghans meurent noyés dans leur sang".

Né à Kunduz (Nord), Gulbuddin Hekmatyar, Pachtoune au visage sévère, avait disparu depuis la fin des années 90, laissant derrière lui une réputation sulfureuse qui lui a valu le surnom de "boucher de Kaboul" dans la presse internationale. C'est alors qu'il était, brièvement, Premier ministre en 1992 avec le commandant Ahmad Shah Massoud pour ministre de la Défense, que Kaboul a subi les pires dévastations de son histoire, avec des bombardements aveugles particulièrement meurtriers.

Chassé par les talibans en 1996, il aurait vécu en exil, en Iran puis au Pakistan, d'où il a appelé en 2004 à la "guerre sainte" contre les États-Unis, se rangeant dans l'opposition au président d'alors Hamid Karzaï. Aux termes de l'accord de paix signé avec le gouvernement d'union nationale présidé par Ashraf Ghani, M. Hekmatyar s'est engagé à déposer les armes dans les dernières poches de résistance tenues par ses combattants et à promouvoir la réconciliation.

Le gouvernement a obtenu de l'ONU la levée des sanctions internationales pesant contre le chef du Hezb-i-Islami pour activités terroristes en lien avec Al-Qaïda, et préparé son retour à Kaboul en lui garantissant escorte et logement.

"Le retour de Hekmatyar a été largement salué parmi les anciens jihadistes et la population dans l'Est, mais je ne crois pas qu'il aide à restaurer une paix durable ni que les combats vont cesser ou décroître avec son arrivée", a estimé à Kaboul l'expert Ahmad Saeedi.


AFP/VNA/CVN

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