Japon
Accident de Fukushima : 1er procès d'ex-dirigeants de Tepco

Vendredi 23 juin débutera le procès de trois ex-dirigeants de la compagnie exploitante de la centrale accidentée de Fukushima, poursuivis pour négligence, un premier renvoi devant la justice pénale attendu par les victimes depuis longtemps.

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Montage photos du 28 juin de trois ex-dirigeants de Tepco : l'ex-président du conseil d'administration Tsunehisa Katsumata (gauche), et deux ex-vice-PDG, Ichiro Takekuro (centre), et Sakae Muto.

La comparution devant un tribunal de Tokyo de l'ex-président du conseil d'administration du groupe Tokyo Electric Power (Tepco) au moment du drame, Tsunehisa Katsumata (77 ans), ainsi que de deux vice-PDG, Sakae Muto (66 ans) et Ichiro Takekuro (71 ans), est déjà une première victoire pour les citoyens qui ont porté plainte.

En janvier 2015, les poursuites avaient été écartées par une autre instance de décision jugeant alors "que les preuves n'étaient pas suffisantes pour conclure que les trois personnes visées auraient pu prévoir ou éviter" l'accident.

"Nous avons déposé plusieurs plaintes depuis 2012 visant aussi d'autres personnes, mais qui ont été classées sans suite", rappelle un responsable de l'association des Plaignants pour les poursuites pénales dans le désastre de Fukushima.

La catastrophe a eu lieu en mars 2011, il y a plus de six ans, et il a fallu la détermination de ces résidents de la région pour arriver à obtenir gain de cause au terme d'une procédure spéciale ultra-complexe.

C'est ainsi la première fois que la justice va devoir se prononcer sur la culpabilité de personnes dans la survenue du pire accident nucléaire depuis celui de Tchernobyl (Ukraine) en 1986, un drame qualifié par une commission d'enquête de "catastrophe d'origine humaine".

"Même aujourd'hui, il est impossible de dire que l'accident est résolu. Nous espérons que sorte de ce procès une vérité sur ce drame, que l'on sache où sont les responsabilités", a déclaré Ruiko Muto, présidente de l'association.

"Nous souhaitons un verdict le plus rapidement possible, sachant que notre plainte remonte à 2012 et, qu'entre-temps, des victimes du drame sont décédées sans même avoir vu le début de ce procès".

Quelque 4.200 documents ont été versés au dossier depuis la décision de renvoi de ces ex-dirigeants devant le tribunal, annoncée en juillet 2015 et confirmée en février 2016.

La compagnie Tepco, elle, n'a pas souhaité répondre aux questions : "Nous ne sommes pas en position de commenter ce procès, d'autant que les trois personnes mises en cause ont quitté la société", a répondu une porte-parole.

"Décès liés"

Les trois hommes, qui s'en défendent, sont accusés de ne pas avoir renforcé les mesures de précaution dans l'hypothèse d'un tsunami pouvant dépasser les critères sur la base desquels a été construite et entretenue pendant plusieurs décennies la centrale Fukushima Daiichi (Nord-Est).

Les plaignants les tiennent pour responsable du décès de 44 personnes évacuées dans l'urgence de l'hôpital de Futaba, à quelques kilomètres du site, ainsi que des blessures infligées à 13 autres.

Plus largement, des centaines de milliers de citoyens, dont les vies ont également été bouleversées par la tragédie causée par un puissant séisme et un gigantesque raz-de-marée, attendent que des coupables soient désignés.

Une étude interne à Tepco datant de 2008, révélée ultérieurement, évoquait l'hypothèse d'un tsunami d'environ 15,7 mètres, "mais la diffusion de ce rapport s'est arrêtée à la direction de la division nucléaire et il n'est pas remonté jusqu'à moi", a assuré l'ancien président de l'entreprise, Tsunehisa Katsumata, plusieurs fois interrogé à ce propos.

"Ce document ne présentait que des calculs de probabilités, pas de dispositions concrètes", a justifié de son côté M. Takekuro. Quant à M. Muto, il s'est jusqu'à présent défaussé en affirmant qu'il pensait "les dispositions de sûreté prises sur la base des critères découlant de discussions entre experts".

En outre, au-delà de ce procès visant nommément trois ex-dirigeants, on doit s'interroger sur "le rôle de l'autorité de régulation et à travers elle de l'État", a maintes fois répété un avocat des plaignants, Yuichi Kado.

Les autorités insistent sur le fait qu'aucun décès n'est directement dû aux radiations dégagées par les trois réacteurs entrés en fusion à la centrale de Fukushima. Mais elles reconnaissent officiellement des "décès liés" aux évacuations manu militari qui s'en sont suivies et à la dégradation des conditions de vie des personnes réfugiées dans des abris de fortune.


AFP/VNA/CVN

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