À Okinawa, un élixir de jouvence pour rajeunir les traditions culinaires

Un scientifique de l’archipel nippon d’Okinawa vient de découvrir qu’une plante locale pourrait augmenter l’espérance de vie. Il espère grâce à cette étude redonner goût aux aliments locaux, qui jadis firent de sa région la championne du monde de la longévité.

Dans son laboratoire, Shinkichi Tawada remue un liquide ambré dans une fiole. Il s’en dégage une odeur suave aux notes tropicales. C’est de l’huile essentielle de fleur de getto (prononcé «guetto» en japonais), un élixir qui, selon lui, détient le secret de la longévité perdue des habitants d’Okinawa (Sud du Japon).

 

Shinkichi Tawada présente l’huile essentielle de fleur de getto, un élixir qui détient le secret de la longévité perdue des habitants d’Okinawa. 

«Okinawa jouissait il y a encore quelques décennies de l’espérance de vie la plus longue au monde, je me suis toujours intéressé aux substances qui, dans l’alimentation traditionnelle, en sont à l’origine», explique ce professeur en agronomie à l’Université des Ryukyu de Nishihara, à Okinawa. Il étudie cette plante de la famille du gingembre depuis bientôt 20 ans et ses efforts pourraient finalement avoir payé.

Lors d’une expérience récente, les chercheurs ont divisé en deux groupes une population de démoto des, une espèce de vers qui ne vivent qu’un mois environ. Les chercheurs ont constaté que la durée de vie des vers du premier groupe, exposé quotidiennement au getto (alpinia zerumb et en latin), avait augmenté de 22.6% par rapport à ceux du second groupe, qui en étaient privés.

Les grandes feuilles vertes, les petites baies rouges et les fleurs blanches du getto regorgent de resvératrol, un antioxydant présent notamment dans le raisin et donc dans le vin, et dont les effets sur la longévité sont avérés depuis longtemps.

«Traditionnellement, les habitants d’Okinawa ont toujours considéré qu’en mangeant le muchi - un plat d’hiver consistant de pâte de riz entourée d’une feuille de getto, on s’immunise contre le rhume, et l’on gagne force et vigueur», explique M. Tawada. Mais aujourd’hui, peu de gens remarquent encore les touffes vigoureuses de getto sauvage qui poussent sur le bord des routes.

Dans le centre ville de Naha, la principale ville d’Okinawa, les chaînes de hamburgers, stands de bagels à emporter et autres «steakhouses» pullulent pour rassasier les quelque 19.000 militaires américains stationnés sur l’île, et dont le mode de vie a en partie déteint sur les locaux.

Si les femmes d’Okinawa font partie des Japonaises qui vivent le plus longtemps - 87 ans en moyenne-, les hommes ont dégringolé à la trentième place du classement des préfectures nippones, avec 79,4 ans, un peu en-dessous de la moyenne nationale. Le taux d’obésité des hommes est par ailleurs le plus élevé du pays.

«Aujourd’hui les jeunes mangent beaucoup trop de fast food. L’espérance de vie est en train de baisser considérablement. (...) Il est temps de renouer avec les traditions culinaires de la région», s’inquiète le professeur Tawada.

Nouveau secteur économique

Shinkichi Tawada étudie cette plante de la famille du gingembre depuis bientôt 20 ans et ses efforts pourraient finalement avoir payé.

Sur le marché de Naha, les vieilles dames achètent encore des légumes traditionnels comme le goya, une sorte de courge amère réputée, elle aussi, pour ses effets positifs sur la santé. Nombre d’entre elles mettent également dans leur panier des feuilles de getto, présent à profusion sur les étals.

Keiko Uehara a eu vent de l’étude du professeur. Elle a mis en évidence devant sa boutique toute une gamme de produit de beauté à base de cet «élixir de jouvence».

«Ici, on en consomme en infusion depuis toujours et ça vous rajeunit. Une eau de beauté tirée de la plante sans alcool fait en outre disparaître toutes les rides», explique cette vendeuse, dont le visage ne trahit en effet pas ses 64 ans.

Un peu plus loin, dans les champs, des agriculteurs comptent augmenter leur production. «Nous ne voulons plus nous contenter d’Okinawa, nous voulons conquérir le marché international et exporter le getto», espère Isamu Kina, de la société Rich Green, principale productrice dans la région.

Le professeur Tawada a de grandes ambitions pour sa plante «magique». «Aujourd’hui, le getto est utilisé dans les produits de beauté, mais ce n’est qu’une partie de son potentiel. On peut l’utiliser dans le domaine médical et d’autres secteurs à forte valeur ajoutée.» Ainsi espère-t-il aussi donner un coup de jeune à l’économie de l’archipel.

 

AFP/VNA/CVN

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