À chacun son Têt

Le sentiment commun à tous ceux qui, à cause de leur travail ou de leurs conditions de vie, ont quitté leur ville ou leur village natal et ne pourront pas rejoindre leur famille pour le Têt du Coq, est la nostalgie.

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Pham Van Chinh (1er plan au centre) et ses élèves.

L’atmosphère festive gagne Hô Chi Minh-Ville, les habitants originaires de localités lointaines, quoi qu’ils fassent, où qu’ils vivent, ne cachent pas leur nostalgie. L’image du Têt reste, pour eux, au fond de leur cœur et leur donne beaucoup d’émotions.

Bien que la mégapole du Sud leur apporte tout ce qu’ils désirent (refuge, terre promise, subsistance…), ils ne pensent qu’à un possible retour aux sources. Ainsi, pour ceux qui restent dans la mégalopole du Sud, c’est chacun son Têt, sans oublier les pratiques culturelles et les traditions liées aux ancêtres.

Travail et études avant tout

Pham Van Chinh, 27 ans, né à Khanh Hoà (Centre méridional), est dans ce cas. Il est en mastère d’administration et de gestion d’affaires à l’antenne de Hô Chi Minh-Ville de l’École polytechnique de Hanoï. Il est le cinquième de la fratrie et le seul à étudier et à travailler dans la mégapole du Sud.

«Je me suis installé à Hô Chi Minh-Ville en 2009 et, en sept ans, je ne suis pas encore rentré chez moi pour le Têt. Mes colocataires, eux, rentrent tous les ans», indique Chinh.

Nguyên Thi Châu dans son restaurant du 9e arrondissement de Hô Chi Minh-Ville

Interrogé sur les raisons pour lesquelles il ne rejoindra pas sa famille, il s’attriste en expliquant qu’elle est très modeste, et que depuis tout jeune, il doit se débrouiller. «Je suis tellement triste de ne pas pouvoir rentrer chez moi pour le Têt», ajoute Chinh. Mais sa décision de rester en ville est essentielle : cela lui permet de faire des économies pour réaliser ses ambitions en termes d’études comme de carrière socioprofessionnelle.

Pendant les jours du Têt, outre son emploi d’enseignant dans un collège professionnel de la province de Binh Duong (Sud), il travaille pour une autre entreprise en qualité de livreur de nouilles, dans l’arrondissement de Thu Duc de Hô Chi Minh-Ville. Selon lui, travailler et étudier en même temps renforce sa persévérance.

Pour l’Année du Coq qui arrive, il est enthousiaste. En l’absence de sa famille, il se concentre sur son travail et ses études pour oublier son sentiment de privation de l’ambiance d’accueil du Têt en famille. «Si j’avais le choix, il est certain que je ferais tout de suite mes valises et rentrerais chez moi pour fêter le Têt en famille», conclut-il. Ce n’est pas le cas de Van Danh Nam, 22 ans, de Thanh Hoa (Centre). Sa vie est une histoire malheureuse. Ses parents se sont séparés lorsqu’il avait trois ans, et il a vécu avec ses grands-parents. Puis, il y a environ deux ans, il a quitté sa campagne pour s’installer à Hô Chi Minh-Ville, après son baccalauréat. Il a trouvé un emploi dans un hôtel-restaurant au centre-ville et est désormais autonome. Sa vie a changé. Il préfère rester là et progresser.

Têt entre amis à Hô Chi Minh-Ville

Van Danh Nam, un esprit de persévérance et plein d’enthousiasme.

Interrogé sur sa nostalgie à l’occasion du Têt, il avoue que rien de spécial ne le retient dans sa campagne, excepté sa grand-mère, la seule qui prenait soin de lui lorsqu’il était enfant. Il constate que le Têt, pour lui, est un moment significatif, une réunion familiale pour tous les Vietnamiens. Il y aspire mais, en ville, il a aussi fait de nouvelles connaissances, notamment ses collègues. Ils vont donc fêter ensemble le Têt autour d’une bonne table. «Auparavant, je jouais aux jeux d’argent, je fumais beaucoup, je vivais comme un vagabond sans domicile fixe, mais j’ai abandonné tous ces vices, je veux être utile et je le serai forcément», a partagé Nam.

«Le Têt à Hô Chi Minh-Ville est triste, les rues sont désertes. Mais, avec mes collègues, nous nous réunirons. Seule ma grand-mère me manque énormément», déclare le jeune homme, en ajoutant que la vie dans la mégapole est plus agréable. Depuis plus de vingt ans, Nguyên Thi Châu, 47 ans, serveuse dans un petit restaurant, et sa sœur, Nguyên Thi Hoa, 43 ans, couturière, toutes deux domiciliées à Dak Lak (hauts plateaux du Centre), ne rejoignent pas non plus leur famille pour le Têt.

«Mes proches habitent à Dak Lak, et je suis triste de ne pas leur rendre visite pour le Têt, mais je vis ici depuis longtemps et je m’y suis habituée», confie Mme Châu. Cette mère d’une fille de vingt ans trouve que l’ambiance du Têt à Hô Chi Minh-Ville n’a rien de spécial, voire qu’elle est plus monotone qu’à la campagne. Là, les retrouvailles entre les membres des familles sont sacrées.

Mme Hoa partage le même sentiment que sa grande sœur. Dans cette ville, le travail l’occupe tout le temps. Mais pendant les jours du Têt, cette mère de deux enfants prépare de bons plats pour sa famille, afin de passer cette fête de manière chaleureuse, et d'oublier la nostalgie et les souvenirs de celles passées dans son village natal.


Truong Giang/CVN

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